• A la découverte des patrimoines cachés (5/5)

    Du temps où les loups sévissaient...

    Saint-Etienne-de-Chomeil, Marchastel (Le Coin d'Or et La Rodde) : ces trois sites, isolés au milieu des bois, ont un point commun : ils abritent ce qu'on appèle une "trappe à loup". Les trappes, ou pièges à loup, sont des trous de forme carrée ou rectangulaire creusés autrefois dans le sol et consolidés par des murets de pierre, trous recouverts de feuillage et contenant une viande morte afin de berner les loups. Pour éviter que l'homme ne se fasse également piéger, car elle sont ouvertes, les trappes sont souvent entourées de fils barbelés.

    Voici une légende rapportée par une élève du collège de Riom-ès-Montagnes au début des années 1980.

    Toinou de Marchastel maniait l'archet avec une dextérité certaine. Il était donc souvent invité à animer les noces. Pour le mariage de Marguerite Rodde et Antoine Vernegheol de Terrou, il se rendit donc de bon matin dans ce hameau et fut convié à accompagner le cortège à la mairie puis à l'église et enfin à ramener la noce jusqu'à l'habitation des parents de Marguerite où se déroula le festin. Entre le déjeuner et le diner, jeunes et vieux dansèrent au son du violon force valses, mazurkas, polkas et bourrées. L'heure du dîner sonna. Après le repas encore très copieux, les couples valsèrent, virevoltèrent, tapèrent du pied jusqu'au petit matin.

    C'est alors que Toinou regagna Marchastel en portant son violon et une miche qui lui avait été donnée en paiement. Il grimpa le raidillon et s'apprêtait à s'engager dans le bois quand le loup, menaçant, sortit d'un taillis. Toinou n'en menait pas large. Il allongea le pas mais le loup suivait, affamé. 

    Alors Toinou écorna sa miche et jeta un bout de pain au loup qui, l'estomac toujours vide, restait sur ses talons. Tout le long du trajet, Toinou distribua des bouts de la miche à l'animal aux crocs inquiétants en priant le ciel d'avoir suffisamment de pain pour échapper à la voracité de l'animal. Toujours l'un derrière l'autre, ils arrivèrent au Coin d'Or. La miche diminuait à vue d'oeil et Toinou tremblait de plus en plus.

    Tout à coup, le coq de la Marie chanta. Le loup, surpris, s'étala et dévala tout le bois en direction de la Grolle. Allait-il tomber dans la trappe ? Toinou l'espéra et, soulagé, courut vers Marchastel où il conta à tous son aventure. Elle devint un conte que l'on transmet de génération en génération...

     

    Sources

    Collège nationalisé mixte de Riom-ès-Montagnes, Racines de gentiane ; légendes, 
    traditions, contes et chansons du pays de Riom-ès-Montagnes, 1981

    Collège nationalisé mixte de Riom-ès-Montagnes, Au bord des puys ; contes, légendes, dictons, recettes de cuisine locale du pays de Riom-ès-Montagnes, 1983

    Conte recueilli auprès de Paule ESCOUROLLES, raconté par sa grand-mère Maria (1870-1955)

    Communauté de communes du Pays Gentiane, De que se dizzio pas – Inventaire des contes et légendes du Pays Gentiane, 2010


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