• Sites archéologiques

    Le plateau de Trizac, entre Collandres, Trizac et Valette, offre de nombreux sites archéologiques. Voici quelques sites intéressants à visiter (vous pouvez vous munir également des cartes IGN disponibles sur geoportail.fr).


    Cheylade.

    Le Camp des Anglais : sur le plateau du Limon apparaissent des traces d'habitats remontant au Moyen-Age.
    >>En savoir plus sur l'habitat fortifié du Camp des Anglais

     

    Collandres.

    La Bade :
    grotte des Fées (époque épipaléolithique). Cet abri sous roche a servi d'habitation, et plusieurs objets y ont été retrouvés lors de fouilles : poteries gallo-romaines, fragments de statuettes en terre-blanche gallo-romaines... La grotte a été exploitée par la CECA (exploitation de diatomées).

    Espinasse (Moyen-âge). On accède au village de "l'Oupilhèro" (cf le Clau de Plume) par le chemin qui prend la direction du nord depuis la ferme d'Espinasse. Quelques mètres avant la fin de ce chemin, sur votre droite, vous découvrirez les vestiges d'un ancien village (cases, allée centrale bien identifiable). Un autre village, dont les cases sont mieux conservées, se situe à 100 m en aval du pont enjambant le Cheylat, sur votre gauche.




    Village déserté d'Espinasse (Collandres)



    Les Jaleines (Moyen-âge). Au sud des Jaleines, en lisière du bois, vous identifierez des vestiges romains, comme en témoignent plusieurs cases. Plus à l'est de ce village déserté, ce qui ressemble à un ancien buron entouré d'un fossé circulaire est en réalité une ancienne tour de guêt.

    Invialars (Moyen-âge). Juste au nord du bourg de Collandres, au carrefour marqué par une croix, prenez à droite. Ce sont les ruines d'Invialars : une enceinte circulaire qui n'a pas livré tous ses secrets. Est-ce un ancien castrum (petite forteresse), ou un simple enclos utilisé pour les bêtes ? A vous de mener l'enquête !



    Habitat circulaire à quelques mètres du bourg de Collandres, à Invialars...

     

    Croix du Mouton (Moyen-âge). Depuis le bourg de Collandres, lorsque vous empruntez la route du suc de Rond, vous arrivez rapidement à la croix du Mouton. C'est le départ d'un très ancien chemin, qui est aujourd'hui encore bien délimité jusqu'au sud d'Espinasse (gué sur le Cheylat). Il s'agit probablement d'un vestige de la Route du Sel (ou Route de la Reine Blanche), qui se poursuivait ensuite vers Cheylade (chemin des Quiroux).

    Une exposition des Archives départementales du Cantal (2012) a notamment mentionné l'un des hameaux médiévaux de Collandres.
    >> En savoir plus

     

    Trizac.

    Bois du Marilhou (Moyen-âge). Cet espace naturel sensible cache deux villages désertés que sont le mystérieux site de Cotteughes (à 1 km du col d'Aulac) et celui de Freydefont. Cotteughes est l'un des sites majeurs du Pays Gentiane. A voir absolument.

     

    Riom-ès-Montagnes.

    La Cousty (Néolithique). Le dolmen de La Cousty, au nord de Riom, suscite toujours un débat chez les archéologues. Est-ce réellement un dolmen ?!

    Chateauneuf (Protohistoire, Moyen-âge). Sur cet ancien site fortifié, de nombreux objets d'époque ont été retrouvés. Autour du village, sous les orgues, on aperçoit effectivement des cases...

     

    Valette.

    Peyre Grosse. Le village de
    la Pierre Grosse  compte parmi ses batisses une maison des Chevaliers du Temple (ordre des Templiers, en haut du village à côté du four banal).

    Pont de la Cliotte (Moyen-âge). En aval de Valette, sur la Sumène, cet ancien pont romain en pierres et à dos d'âne permettait de relier Riom-ès-Montagnes et Valette à Menet.

     

    Menet.

    Puy de Ménoyre (Antiquité/Moyen-âge). Cette ancienne forteresse, constituée de plusieurs habitations protégées par une enceinte circulaire, était idéalement située.

     

    Vestiges de la forteresse mérovingienne du Puy de Ménoyre (Menet)

     

     

    Apchon.

    Le bourg (Moyen-âge). Comment ne pas citer les magnifiques ruines du château féodal d'Apchon, qui dominent le village et offrent un panorama exceptionnel sur les monts du Cantal, le Cézallier, l'Artense et le Sancy, le Limousin...

     

    Enfin, sur le plateau de Trizac, principalement sur les secteurs de Riom-ès-Montagnes et Menet, mais aussi vers Trizac et Collandres, plusieurs dizaines de tertres (tumuli, nécropoles tumulaires de la Protohistoire et du Moyen-âge) sont encore visibles, notamment si vous utilisez le logiciel Google Earth. Plus difficile cependant de les identifier sur place...


    La Route du Sel.

    De Trizac à Cheylade en passant par Collandres subsistent des vestiges de la Route du Sel. Mais qu'est-ce donc que la Route du Sel ?! >> En savoir plus

     


     

    Une étude de diagnostic portant sur le patrimoine archéologique du Pays Gentiane été menée en 2007. Si d’emblée elle laisse apparaître un manque de connaissance historique, le travail accompli met en lumière des vestiges uniques en Europe par leur nombre et leur conservation : les tertres.

    Dès l’âge du Bronze en effet (-2000 à -750 av J.C.), les hommes ont ici édifié des tertres, appelés également nécropoles tumulaires ou tumuli, leur servant de sépulture le long des voies de communication. Localisés sur les plateaux, aux passages des cols et le long des grands chemins de  transhumance, ces tertres sont restés jusqu’à maintenant bien lisibles dans le paysage, notamment d’un point de vue aérien.

    Cette conservation semble dûe à une agriculture qui ne s’est pas intensifiée en milieu montagnard. Les plus gros tertres se situent sur les communes de Riom-ès-Montagnes et Menet et la plus grande concentration de ces édifices est à Trizac.


     
    >> télécharger l'inventaire    

    "Le massif du Cantal recèle un nombre exceptionnellement élevé de tombes individuelles sous tumulus (Vinatié, 1995). Elles sont particulièrement nombreuses sur les hauts plateaux des communes de Mons, Laurie, Vernols, Allanche, Saint-Bonnet-de-Salers... Ces structures funéraires, souvent groupées en nécropoles, se présentent sous la forme de tertres de pierres, soigneusement construits, qui protègent le plus souvent un coffre funéraire recélant un corps incinéré. Les tumulus devaient être réservés à une élite de petits chefs. Certains ont livré un riche mobilier funéraire, souvent métallique (armes, objets de parure en bronze et en or). Les tertres ont des dimensions variables, depuis d'imposants monuments jusqu'à de discrètes tombelles. On serait tenté d'attribuer ces variations morphologiques à des différences de statut social des défunts. Les tumulus semblent particulièrement nombreux sur les axes naturels de circulation, ou au voisinage des cols, ce qui renvoie là encore à l'idée de marqueurs de territoire."

    Frédéric Surmely
    Docteur en préhistoire, agrégé d'histoire, conservateur du Patrimoine.

     

    "Il existe 21 tombelles dans le canton de Riom-ès-Montagnes : 11 sur Collandres, 1 sur Saint-Hippolyte, 7 sur Trizac et 2 sur Valette. Ces tombelles furent conçues à proximité de villages aujourd'hui désertés et de voies romaines ou protohistoriques comme la célèbre Route de la Reine Blanche, qui reliait notamment Trizac à Cheylade en passant par Collandres. De plus, elles se situaient sur des zones déboisées, entre 1000 et 1200 m, dans des lieux abrités, sur une légère pente ou un replat. Des études ont conclu que les tertres de Collandres remontaient pour les plus anciennes au premier siècle avant J-C."

    D'après la Revue de la Haute Auvergne, Riom-ès-Montagnes et le Pays Gentiane, 2009

     

    Les tertres sont facilement remarquables vus du ciel, notamment à Collandres ou Trizac


      

    Prenons de la hauteur...
    Histoire du peuplement du massif cantalien

    L'histoire du peuplement du massif cantalien est encore pleine d'incertitudes et de mystères, dans une région où les travaux archéologiques sont encore relativement peu développés, en dehors de quelques secteurs précis.

    La vigueur de l'érosion, qui a favorisé l'altération des gisements ou bien leur recouvrement sous d'épaisses formations superficielles, constitue un obstacle certain pour la recherche. Néanmoins, la richesse du patrimoine archéologique et l'absence de grands travaux destructeurs font du massif cantalien un cadre très prometteur pour l'archéologie de demain.

    Les plus vieilles traces de la présence humaine dans le secteur des monts du Cantal datent de la fin du tardiglaciaire, c'est-à-dire à la fin de l'époque magdalénienne, il y a environ 15.000 ans (Surmely, 1998). Cette colonisation des hauteurs s'explique avant tout par la disparition des glaciers, le radoucissement du climat et les changements environnementaux qui ont rendu la montagne attractive pour l'homme. C'est aussi à cette même période que se sont peuplées les Alpes et les Pyrénées. Des gisements magdaléniens ont été découverts dans des abris-sous-roche, notamment aux lieux-dits Cors (Saint-Chamant), La Tourille (Celles), Le Cavalier (Molompize), La Bade (Collandres), à des altitudes variant entre 700 et 1200 m.

    Il s'agissait de petits campements fréquentés de façon brève par de petits groupes humains très mobiles, dans le cadre de circuits plus vastes. La mauvaise conservation des restes organiques ne permet pas de connaître en détail les stratégies d'acquisition des ressources alimentaires. Les produits animaux issus de la chasse occupaient très certainement la première place, mais la pêche et surtout la cueillette, dont l'importance est trop souvent mésestimée, devaient jouer un rôle non négligeable. La moyenne montagne cantalienne, du fait de la très grande diversité géologique et topographique, offre en effet une très grande variété de ressources potentielles. La gestion programmée de l'approvisionnement en silex, mise en évidence à partir de l'étude des industries lithiques, montre sans conteste que les expéditions devaient être soigneusement préparées et organisées. L'image de bandes errantes et affamées, menant une vie hasardeuse, est à abandonner complètement, au profit de celle de populations sachant profiter au maximum des potentialités offertes par le milieu naturel et s'adaptant aux contraintes. Il est probable que la fréquentation de la moyenne montagne cantalienne se faisait dans un cadre saisonnier, avec une alternance de séjours en plaine et en montagne. Les hommes ont abondamment utilisé les silex des séries calcaires tertiaires du versant occidental (bassin d'Aurillac/Mur-de-Barrez) et du bassin du Malzieu. Les chailles jurassiques du bassin de Saint-Flour, peu propices à la taille en raison de leur petit module et de leur grain assez grossier, n'ont été utilisées que de façon marginale. Les occupants de l'abri de la Bade (Collandres) ont eu largement recours à la diatomite recristallisée, de couleur orangée et dont la provenance est locale. Les populations magdaléniennes du versant oriental ont également utilisé un excellent silex gris translucide, dont l'origine est à chercher dans les formations marines du crétacé supérieur du Berry. Ce matériau se retrouve dans tous les gisements préhistoriques du Val d'Allier, à partir du Gravettien. Les modes d'acquisition de ce silex restent à déterminer : acheminement direct au cours de grandes migrations, ou bien échanges entre populations voisines.

    La densification progressive du couvert végétal du début de l'holocène a accru encore la quantité et la variété des ressources potentielles de la moyenne montagne. Les hommes ont multiplié leurs incursions sporadiques, mais leurs territoires de parcours semblent s'être restreints (Surmely, 1998). L'important gisement mésolithique des Baraquettes (Velzic) révèle une fréquentation régulière du site au cours des phases anciennes et moyennes du mésolithique, entre 9000 et 7000 ans avant notre ère, avec une importante activité de chasse (sanglier, cerf, chamois, ours...) et de traitement des produits animaux. D'autres gisements de cette époque sont connus à Ventecul (Raulhac), ainsi qu'au Cuze (Sainte-Anastasie).

    L'apparition de l'économie agricole, qui a accompagné le néolithique, n'a pas remis pas en cause l'attractivité du massif cantalien. Au contraire, les sites se sont multipliés, comme le montrent les découvertes effectuées notamment sur la planèze de Saint-Flour, autour de la vallée de la Jordanne et dans le secteur de Massiac. Les premiers paysans se sont installés sur les hauts plateaux, jusqu'à 1100 mètres, pour profiter des sols volcaniques des planèzes, à la fois légers et très fertiles. C'est le cas notamment de la planèze de Saint-Flour, qui était réputée jusqu'au siècle dernier pour être "le grenier à blé de la Haute-Auvergne". Cette hypothèse est corroborée par la découverte de pollens de céréales et de plantes rudérales dans les tourbières. Les nombreuses haches polies découvertes dans le Cantal (façonnées dans le silex, la fibrolithe ou le basalte) servaient à défricher les terres. Si les habitats étaient le plus souvent établis en plein air, les grottes et abris continuaient d'être fréquentés régulièrement. Le mouvement de sédentarisation des populations a progressé fortement, mais ces dernières restent encore très mobiles.

    Le néolithique ancien est encore mal connu, avec quelques indices dans la vallée de la Jordanne. Le néolithique moyen a vu la création de grands habitats établis sur des sites perchés, probablement fortifiés, tels celui de Chastel-sur-Murat. La sédentarisation et l'appropriation des terroirs ont été marquée surtout par la construction de monuments mégalithiques (menhirs, et surtout dolmens) au néolithique final. Ils sont particulièrement nombreux sur la planèze de Saint-Flour. Les constructeurs ont soigneusement choisi les lieux d'implantation, au prix de déplacements de blocs de plusieurs tonnes sur plusieurs kilomètres (Surmely et alii, 1996). Les critères d'implantation semblent avoir été la recherche d'une position dominante, aux limites de plusieurs biozones. Il paraît donc plausible d'attribuer à ces monuments spectaculaires la fonction de marqueurs de territoire.

    Des découvertes d'objets néolithiques isolés (notamment des pointes de flèches) sur les sommets du Cantal témoignent vraisemblablement d'expéditions de chasse en montagne. A Mur-de-Barrez (Aveyron), des mines de silex ont été exploitées, au moyen des galeries souterraines.

    Avec les défrichements et la mise en culture, l'homme a imprimé désormais sa marque sur le milieu naturel. Mais ces transformations sont restées encore limitées.

    Les changements se sont accentués nettement avec les âges des métaux, à la fin du troisième millénaire avant notre ère. Les progrès techniques (notamment liés à la métallurgie) ont permis une augmentation des productions agricoles et de la population, avec en parallèle une hiérarchisation et une structuration de la société. Faute de fouilles récentes, nous connaissons encore mal les modalités de peuplement durant cette époque, qui semble voir la naissance de distinctions entre villages et centres politiques fortifiés. L'ouverture de mines est prouvée pour l'époque gauloise (Labessette).

    Par contre, le massif du Cantal recèle un nombre exceptionnellement élevé de tombes individuelles sous tumulus (Vinatié, 1995). Elles sont particulièrement nombreuses sur les hauts plateaux des communes de Mons, Laurie, Vernols, Allanche, Saint-Bonnet-de-Salers... Ces structures funéraires, souvent groupées en nécropoles, se présentent sous la forme de tertres de pierres, soigneusement construits, qui protègent le plus souvent un coffre funéraire recélant un corps incinéré. Les tumulus devaient être réservés à une élite de petits chefs. Certains ont livré un riche mobilier funéraire, souvent métallique (armes, objets de parure en bronze et en or). Les tertres ont des dimensions variables, depuis d'imposants monuments jusqu'à de discrètes tombelles. On serait tenté d'attribuer ces variations morphologiques à des différences de statut social des défunts. Les tumulus semblent particulièrement nombreux sur les axes naturels de circulation, ou au voisinage des cols, ce qui renvoie là encore à l'idée de marqueurs de territoire.

    Cette organisation du peuplement s'accroît encore à l'époque gallo-romaine. L'économie agro-pastorale est structurée par la création de grands domaines (villae), qui sont nombreux sur les contreforts du massif, notamment dans le secteur d'Allanche-Massiac (Vinatié, 1995). L'aménagement de voies permet des échanges commerciaux plus importants, ainsi que la naissance de petites villes-marchés (Riom-ès-Montagnes, Arpajon-sur-Cère) et de centres thermaux et religieux (Coren-les-Eaux, Vic-sur-Cère, Ydes, Veyrines de Landeyrat).

    A la fin de l'Antiquité, l'habitat paraît se resserrer dans un premier temps près de grands centres fortifiés (Chastel-Marlhac, Saint-Victor de Massiac, Escorailles...), avant de se s'étendre largement à partir de l'époque carolingienne. Cet essor économique et démographique s'accompagne d'un élan de construction d'églises (église de Lascelles) et de châteaux (Apchon, tour de Marzes), qui forment les cadres politiques.

    Cette croissance, liée à l'optimum climatique de l'an mil, explique la multiplication de villages permanents au cœur de la moyenne montagne, à 1100, voire 1200 m d'altitude. Les plus grands, comme celui d'Espinasse à Collandres ou de Cotteughes à Trizac, comprenaient plusieurs moulins, des canaux d'irrigation (Simon-Coste, 1988)... Ces villages seront abandonnés quelques siècles plus tard, sous les effets conjugués de la crise démographique et de la dégradation climatique. Ces nombreux "villages désertés" qui jalonnent les hauts plateaux ne sont pas à confondre avec les vestiges des anciens burons, qui dès la reprise économique de l'époque moderne, marquent la naissance d'un nouveau type d'exploitation des hautes terres, autour de l'élevage extensif et capitalistique sur les "montagnes". Les maîtres de la terre se plaisent à résider dans de somptueux châteaux, qui sont souvent d'anciennes forteresses médiévales remises au goût du jour (château de Saint-Chamant).

     

    Frédéric Surmely

    Docteur en préhistoire, agrégé d'histoire, conservateur du Patrimoine.


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