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Riom-ès-Montagnes et son canton : retour sur la 2nde Guerre Mondiale
Zoom sur la résistance en pays riomois
Copyright Le Pays de Riom-ès-Montagnes - édition spéciale n° 5 "Riom de 1940 à 1950"
Les 24 et 29 décembre 1941, une pluie de tracts invitant la population à la résistance arrosa Riom-ès-Montagnes, tracts lâchés par avion. La résistance démarra assez lentement à Riom-ès-Montagnes. Comme partout ailleurs, elle partit de petits cercles d'amis qui se réunissaient régulièrement pour commenter les nouvelles et les derniers communiqués de la radio de Londres.
Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes envahirent la France du sud. Dès lors, dans le Cantal, la Résistance s'organisa. Au printemps 1943, des Riomois rejoignirent le principal mouvement de résistance, le MUR (Mouvement uni de la résistance).
Parmi eux, Robert Monier, Jean Couderc, Jules Mougenot, Lignon et Jules Chauchard. Au cours de l'année 1943, chaque canton fut doté d'un responsable qui recruta à son tour un correspondant dans chaque commune. L'Armée secrète (AS) se forma ainsi rapidement. Au sein du MUR, Monier et Lignon furent nommés responsables du canton de Riom-ès-Montagnes. A l'automne 1943, la mise en place des "groupes francs", également appelés "corps francs" ou "sizaines de choc" était achevée. Chaque sizaine était une cellule de six hommes. Ces groupes devaient être en mesure d'intervenir dans des actions de sabotage. En décembre 1943, six groupes francs étaient en place dans le Cantal. Celui des cantons de Riom-ès-Montagnes et de Condat avait pour responsable M. Athènes, dit "Greco". La région peut se flatter d'avoir été un des premiers centres de résistance du département. Les effectifs de l'Armée secrète prirent rapidement de l'ampleur. Elle compta plus de 2 000 hommes pour le Cantal, dont une cinquantaine pour le canton de Riom-ès-Montagnes.
Au 1er juin 1944, le département comptait plus de 3 000 résistants actifs. En effet, à l'Armée secrète, s'ajoutait les effectifs des Francs Tireurs Partisans (200 à 250 hommes d'obédiance communiste), les combattants de l'Organisation de résistance de l'armée (entre 100 et 150 militants encadrés par d'anciens officiers de l'armée) et les effectifs des maquis (ils comptaient entre 500 et 600 hommes). Les combattants disposaient en outre de nombreux sympathisants.
Les sabotages
Dans la nuit du 10 au 11 mars 1944, le corps franc MUR de Condat-Riom s'empare d'un wagon de 400 pneus en gare de Condat-Saint Amandin. Il en enlève une partie et met le feu à ceux qu'ils ne peut emporter. Ce groupe était chargé plus précisément de désorganiser les moyens de transport par voie ferrée pour le nord-est du département.
Parmi eux, il faut citer Jean Battud, employé de la SNCF à Saint-Amandin. C'est lui qui était chargé de poser les explosifs. Après avoir été arrêté, il est mort en déportation.
Le 3 juin 1944, la voie ferré Bort-Neussargues explose en deux endroits de part et d'autre de Riom-ès-Montagnes.
Le 4 juin 1944, nous raconte Paul Armand : "Les FFI arrivèrent à l'improviste, en plein midi avec une locomotive, pour coucher en douceur ses 60 àu 80 tonnes en travers le la voie et interdire ainsi la circulation. Ils neutralisèrent pacifiquement les gendarmes et plastiquèrent le rail un peu au-delà de l'Auvergne Laitière. Au premier essai, la loco passa par dessus le rail tordu et continua sa route. Il fallut sauter dans une traction pour la récupérer au passage à niveau de Saint-Angeau.
A la deuxième tentative, avec une charge plus forte et en mettant toute la vapeur... Elle refusa encore de dérailler et disparut. Faute d'avoir pu être interceptée, elle finit sa course dans le potager du chef de gare de Saint-Etienne-de-Chomeil. J'ai vu tout cela, caché derrière les baraquements, là où est le nouveau foirail !"
Autre fait de résistance attribué au même groupe Greco, la capture vers Riom-ès-Montagnes d'une estafette allemande se déplaçant à moto alors qu'elle se rendait de la Creuse au Puy le 23 juillet 1944.
1944 : une clinique de la Résistance voyait le jour
En 1944, un jeune chirurgien venu de Toulouse, le docteur E. Courty, monte avec son père une petite clinique à Riom-ès-Montagnes, 59 avenue de la République, à l'emplacement actuel de l'imprimerie. Dans une maison particulière, cinq chambres sont installées, soit une douzaine de lits. Cet établissement devient rapidement la clinique de la Résistance. Elle accueille de nombreux maquisards blessés lors des accrochages, puis des batailles rangées avec les troupes d'occupation.
La ville n'étant pas surveillée par une garnison allemande, les allées et venues se font en toute discrétion. Excellent organisateur, le docteur Courty met sur pied une équipe chirurgicale avec la complicité des médecins de la région, notamment Georges Delteil, Georges Godenèche, Jean Simon et MM. Serre, père et fils. Les interventions chirurgicales sont nombreuses et il y en eut de difficiles. Elles ont lieu aussi bien la nuit que le jour. Le docteur Courty est toujours là et appelle tantôt l'un, tantôt l'autre de ses aides.
Le 26 juin 1944, ce que l'on ne cessait de craindre finit par se produire. Le service de liaison qui fonctionne à merveille prévient la population, et surtout l'équipe médico-chirurgicale qu'une forte colonne allemande se dirige vers Riom-ès-Montagnes. Les docteurs Courty et Delteil s'éloignent non sans avoir prévenu le docteur Simon et lui avoir demandé de camoufler ses blessés. Le docteur Delteil se sait visé à cause de ses deux frères officiers qui sont passés à la dissidence en Afrique du Nord. C'est chez lui que la colonne allemande commence ses perquisitions. Sans résultat, heureusement ! Puis les allemands se rendent à la clinique Courty et ne trouvent rien… ! Des maquisards blessés et même un officier américain sont soignés dans la clinique comme de simples citoyens. Tout le personnel, bien stylé, les présente comme tels.
(récit fondé sur divers témoignages de l'époque)
La Libération : Riom honore ses résistants
A Riom, trois stèles rappelent des faits de guerre datant de la 2nde Guerre mondiale : route de Châteauneuf et route de Saint Angeau (photos) mais aussi sous le Sard, en l'honneur de Robert Monier, chef de la Résistance de Riom-ès-Montagnes et son camarade Grégoire, "tués par l'ennemi le 9 juillet 1944".
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