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Zoom sur... les noms d'ici
Noms de familles, noms de lieux (toponymes), noms des habitants (gentilés) : ils ont tous un sens. Avez-vous déjà essayé de les décrypter ?
Les noms de famille
Il est intéressant d'observer que selon les régions, les sonorités changent, et que certains noms sont récurrents. En Pays Gentiane, on remarquera que les Dumas, Rodde et Serre sont les plus nombreux. Parmi les autres noms qui reviennent, on peut citer les Albessard, Charbonnel, Jouve, Duval, Juillard et Julien , Mercier, Rispal, Robert ou encore Veschambre.
Voici donc la signification des principaux noms locaux... Ils proviennent de prénoms de baptême (Amblard, André, Julien, Raymond, Robert, Juillard...), de surnoms ou sobriquets (Rouchy, Besson, Raynal, Rispal), des lieux d'habitation (Dumas, Serre, Chaumeil), de vieux métiers (Charbonnel, Moulier, Rodde, Sartre) ou bien de la flore (Fageol, Floret, Joncoux, Delteil).
Albessard
Nom typiquement cantalien. De blanc, le suffixe pouvant être péjoratif. Il pourrait aussi désigner le fils de celui qui s'appelle Bessard (surnom possible de celui qui utilise une bêche. Autre possibilité : un toponyme formé sur l'occitan "alba(r)", désignant le peuplier blanc ou le saule blanc.
Besse
Provient du bouleau.
Besson
Surnom. Il désigne un jumeau, aussi bien en français qu'en occitan.
Bourgeade
Celui ou celle qui est "du bourg".
Boyer
Ce nom très répandu en Occitanie tire son origine de bouvier (vacher, personne qui s'occupe des boeufs).Chabrier
Nom auvergnat désignant un gardien de chèvres.Chappe
Le nom est porté dans des régions assez variées, depuis le Cantal jusqu'au Pas-de-Calais, en passant par l'Ouest. On pense généralement au porteur d'une chape (long manteau), mais c'est aussi un toponyme fréquent, nom de très nombreux hameaux (à noter aussi que quatre communes s'appellent Chappes). Variante : Chape (88, 76, 75). Le sens de ce toponyme est très incertain. Etymologie : latin Florus, de flos, floris (= fleur).
Charbonnel
C'est le fabricant de charbon de bois.
Chaumeil
Celui ou celle qui habite une plaine élevée, une lande.
Clauzel
C'est le chaumeur de toits (Clauzel, Cluzel).
Delteil
Toponyme : lieu où se trouve un tilleul ou un bois de tilleuls.
Dumas
Quelqu'un qui habite la ferme (du provençal).Dussaillant
Le nom est surtout porté dans le Cantal. Variantes : Dusaillant, Dussailland. Il désigne celui qui habite un lieu-dit "le Saillant" ou en est originaire. Dans le Cantal, on pensera notamment aux hameaux du Saillant à Marcenat et à Andelat. Le toponyme est le participe présent du verbe occitan "salhir" (= sortir, jaillir, faire saillie), avec deux sens possibles : soit une source jaillissante, soit un rocher saillant (les deux sens sont attestés pour le mot "salhent" en occitan).Duval
Celui qui est originaire de la vallée.
Fabre
Fabre et Lafarge : le forgeron.
Fageol
Désigne un bois de hêtres.Floret (Flouret)
Rencontré aux confins méridionaux de l'Auvergne, c'est un diminutif de Flour, nom de baptême illustré par saint Flour, apôtre de l'Auvergne, qui aurait été le premier évêque de Lodève (IVe siècle). Mais c'est aussi un adjectif qui signifie tout simplement fleuri...
Fouillade
Désigne le feuillage.
Galvaing
Sobriquet. Celui qui est "hardi comme un coq".
Griffoul
Du toponyme : lieu où pousse le houx.
Joncoux
Tient son origine du jonc.Journiac
Désigne celui qui est originaire d'une localité appelée Journiac. C'est un nom de domaine gallo-romain, formé avec le suffixe -acum sur le nom de personne latin Juronius. Une commune de la Dordogne s'appelle Journiac, ainsi que divers hameaux du Cantal (communes de Beaulieu et Riom-ès-Montagnes). C'est d'ailleurs dans le Cantal que le nom de famille est le plus répandu. Journiac peut aussi désigner un lieu clair et ensoleillé.Jouve
Signifie jeune en occitan (jove). Un surnom qui devait permettre de différencier un membre d'une famille de son père ou de son aîné.Julien, Juillard (Julia)
Equivalent du français Julien. Le nom vient du latin Julianus, lui-même dérivé de Julius. On connaît plusieurs saints portant le nom de Julien. Le plus célèbre dans les P-O est saint Julien, époux de Baselice : tous deux ont refusé de consommer leur mariage, et sont partis évangéliser les païens, ce qui a valu à Julien de mourir dans d'affreuses tortures. En Normandie, on connaît aussi saint Julien l'Hospitalier, popularisé par un conte de Flaubert. Le patronyme Julia est très courant dans le Sud et le Sud-Ouest (81, 82, 31, 66). Variantes : Jullia (07, 82), Julhia (46, 82, 40).
Laborie
C'est le fermier (borie provient du latin bovaria qui signifie une étale à boeufs, ou une ferme isolée).
Labro
Sobriquet. Le lièvre.
Malgat
Sobriquet. Le garçon, avec préfixe péjoratif.Marcombe, Marcombes
Surtout porté dans le Cantal, désigne celui qui est originaire de Marcombes, hameau de la commune de Valette (15). Sens du toponyme : la mauvaise combe (vallée creusée par l'érosion).
Monier
Le meunier, celui qui dirige le moulin.
Dumas (Mas)
Celui qui habitait un mas. Il convient de se rappeler qu'un mas n'est pas une simple maison comme on le croit parfois à tort, mais une exploitation agricole dont les terres rayonnent autour de la maison d'habitation. Le mot vient du latin mansus.Mercier
Représente un nom de métier, le mercier étant un boutiquier (marchand).
Raboisson
Qui habite à l'orée du bois ?
Refouvelet
Sobriquet de celui qui aime chanter (?)Rispal
Nom assez fréquent dans le Cantal. C'est sans doute un toponyme désignant un lieu broussailleux (francique hrispa, bas-latin rispa). Il existe un hameau appelé Rispal à Menet (15), ainsi que la Grange de Rispal à Saint-Amandin (15). Mais on peut aussi y voir un sobriquet, présentant un individu de haute taille (de la pelle à feu, munie d'un très long manche).Rodde
Nom surtout porté dans le Cantal. Variantes : Roddes (43), Rode (24). C'est un toponyme très fréquent dans le Massif Central, où il peut avoir deux sens : soit une roue de moulin, soit un lieu broussailleux. Les Rodde sont présentés comme des charrons, spécialistes du bois, de tout ce qui tourne et roule (charrettes, roues de moulin...).
Sabatier
Le cordonnier.
Sartre/Soustre
Le tailleur d'habits.Serre (Serra, Serres, Sierra)
Toponyme (lieu) désignant une ligne de crête, aussi bien en haute qu'en moyenne montagne (latin serra = scie, avec une métaphore facile à comprendre). Plus particulièrement, en Languedoc et en Catalogne, on désigne par serre une colline étroite et allongée, résultant de la fragmentation d'un plateau par des vallées parallèles. A noter que Sierra est la forme castillane. Le nom Serra est également fréquent en Italie.
Tissandier
Le tisserand.Veschambre
Un nom typique du Cantal. Il désigne la filasse du chanvre, et c'est donc un surnom donné à l'ouvrier qui broie le chanvre, qui procède au teillage. C'est également le sens qu'il faut donner aux noms Veschambe (46), Veschambes (17, 66), Veschembes (64), sachant qu'en occitan le chanvre se disait cambe, chambe.
Vessier
Le noisetier a inspiré ce nom.
Toponymes (noms de lieux)
La toponymie est l'étude des noms de lieux. Elle est inspirée soit du relief, soit de la géographie, ou bien d'un personnage local, d'un sobriquet. Quelques toponymes intéressants, inspirés généralement du latin et de l'occitan (certaines observations ne sont que de simples suppositions...)Alberoche (Collandres) : les roches élevées
Brocq (Menet) : toponyme désignant un éperon rocheux ou un endroit couvert d'arbustes épineux (ancien occitan)
Chapsal (Saint-Amandin) : le mot signifie en occitan 'traversin' (capsal), il est employé ici de façon métaphorique
(La)Chassagne/Chassagny (Saint-Etienne-de-Chomeil/Trizac/Saint-Amandin) : lieu planté de chênes
Chavaroche (Trizac) : la roche creuse
Cheyrouse (Trizac) / Le Cheyrier (Menet): de "la cheira" (auvergnat), coulée volcanique
Clavières (Saint-Etienne-de-Chomeil) : l'enclos
Coindre (Saint-Amandin) : correspond à l'ancien français "cointe", dont les sens sont nombreux (prudent, habile, mais aussi brave, vaillant, ou encore joli, élégant)
Cotteughes (Trizac) : du celte cot, pierre, et ialos, clairière
Espinasse (Collandres) : de "l'espinetta", l'aubépine : lieu recouvert d'arbustes épineux
Falgère (Marchastel) : lieu planté de fougères
Ferragne (Riom-ès-Montagnes) : de l'ancien français ferain et de l'occitan feramia (= bête sauvage, également fantôme puis épouvantail)
Ferrif (Apchon) : la première mention connue nous éclaire sur l'origine de ce curieux toponyme, appelé Villa Frigidus Rivus au XIIe siècle, autrement dit le domaine ou le village du ruisseau froid. Le nom devient ensuite Freyrif (1513), puis Feyrif, Férif, Ferrif, mais pendant longtemps les habitants ont conservé à leur façon le sens d'origine, le village étant appelé couramment Froid-Férif au XIXe siècle
Fouilloux (Cheylade, Saint-Etienne-de-Chomeil) : endroit feuillu
Freydefont (Trizac) : la source froide
Journiac (Riom-ès-Montagnes) : nom de domaine gallo-romain, formé avec le suffixe -acum sur le nom de personne latin Juronius... Ou : endroit clair et ensoleillé.
La Bastide (Cheylade) : désigne soit une petite ville fortifiée (vocabulaire médiéval), soit une ferme isolée
La Chadefaux (Collandres) : du latin catafalicum, petite colline ou poste de guêt, voire lieu où se déroulaient les exécutions (fourches patibulaires ?)
La Chatonière (Collandres) : le châtaigneraie
La Chaumette (Le Claux) : sommet dénudé, pâturage de montagne
La Cousty (Riom-ès-Montagnes) : la côte
La Font Sainte (Saint-Hippolyte) : la source, fontaine sainte
La Garde (Collandres) : tour de garde, puis forteresse (germ. warda)
La Malaudie (Valette) : référence à une personne malade ou bien à une mauvaise terre
La Margerie (Trizac) : diminutif de Marguerite, là où habitait une "Marguerite"
La Maurinie (Le Claux) : Le nom du hameau daterait du moyen Age où un seigneur local aurait ramené d’une croisade une femme maure et l’aurait installée dans une maison seigneuriale située au fond de la vallée
La Montagnoune (Collandres) : la colline
Lapeyre (Le Claux) : lieu où se trouve un rocher, un chaos rocheux ou une pierre dominant le site
La Sagne (Riom-ès-Montagnes) : endroit marécageux
La Vidal (Apchon) : référence à une petite fille qui vient de naître, à un baptême ?
La Volumard (Riom-ès-Montagnes) : le toponyme devrait au départ être un nom de personne germanique (à rapprocher de Volmard, porté autrefois dans l'Isère).
Le Caire (Cheylade) : lieu surmonté d'un rocher, d'un sommet rocheux
Le Coin d'Or (Marchastel) : référence aux couleurs du lieu lors de la floraison des genêts ?
Le Coudert (Riom-ès-Montagnes) : espace inculte près d'une ferme,
Le Fayet (Trizac) : le bois de hêtres
Le Fraisse (Le Claux) : évoque la présence de frênes
Le Gour (Valette) : le creux, le trou rempli d'eau, et surtout... la cascade !
Le Jarry (Riom-ès-Montagnes) : lieu où pousse le chêne
Le Sartre (Cheylade) : le tailleur d'habits (latin sartor) ou une terre défrichée.
Le Traviel (Cheylade) : le vieux tra (c'est-à-dire « creux » : le tra, ancètre du buron, était des plus sommaires : il consistait en une ou deux pièces creusées dans le sol sous une couverture en mottes de gazon. Ce genre de bâtiment était de courte durée et on en changeait souvent comme en témoignent les nombreux entonnoirs visibles dans les pâturages)
Le Verdier (Riom-ès-Montagnes) : le verger, ou le garde forestier
Le Vernet (Cheylade) : bois planté d'aulnes (auvergnat lou vernhe)
Les Bessonies (Trizac) : désigne des jumeaux
Les Blattes (Riom-ès-Montagnes) : de "lou blat" (le seigle, végétal), terre plantée en blé
Les Lignes (Valette) : désigne un ancien tisserand ?
Lextrait (Collandres) : la vallée étroite, ou la bergerie
Lou Pireyre (Collandres) : lieu de pierres (carrière ?). Cf Oupilheiro, Volpillère
Marcombes (Valette) : de "coumba" (gaulois), vallée sèche. Cf également Malassagne (mauvais marécage).
Menoyre (Menet) : tire forcément son origine de la pierre (maen)
Montauteil (Riom-ès-Montagnes) : le sommet de la haute clairière
Neuvialle (Saint-Etienne-de-Chomeil) : le nouveau né ?
Pouzol (Marchastel) : le petit puits
Pradal : la prairie (occitan)
Pradines (Cheylade) : la muraille, la clôture (latin parietina) ou les ruines (pariatinae)
Puech Redoun (Collandres) : le puy rond, maladroitement traduit en français par "suc de Rond"
Rastoul (Saint-Hippolyte) : de l'occitan "rastolh", le chaume
Ribeyrolles (Saint-Hippolyte) : les petits ruisseaux (cf également La Ribeyrette)
Ridoux (Saint-Etienne-de-Chomeil) : nom d'origine germanique, Ridwulf (rid < ritan = chevaucher + wulf = loup)
Riom (ès-Montagnes) : de "rigomagus", marché du Roi, ou bien "ritomagus", marché du gué
Roche Salesse (Saint-Hippolyte) : la roche surmontée d'aulnes
Roussillou (Riom-ès-Montagnes) : de l'occitan rossilha, le rouge-gorge ?
Soleilhadoux (Menet) : toponyme très énigmatique (le soleil doux ? Et du latin ductus = ruisseau ?)
Tronchoux (Valette) : zone pleine de souches ?Soubro ? Soutro ? On trouve parfois sur les cartes ces deux termes. Soubro désigne la partie haute d'un village, Soutro la partie basse.
Sources : geneanet.org/Jacques MALLOUET, Auvergne de nos Racines
Les gentilés (noms des habitants)
Comment appelle-t-on les habitants des communes du Pays Gentiane ?
Apchon : apchonnais et apchonnaises (surnom bricous)
Cheylade : cheyladais et cheyladaises (surnom cagadrinlhes)
Collandres : collandriers et collandriaises
Le Claux : -
Marchastel : marchastellous et marchastellouses
Menet : menétois et menétoises
Riom-ès-Montagnes : riomois et riomoises
Saint-Amandin : amandinois et amandinoises
Saint-Etienne-de-Chomeil (anc. Saint-Etienne-de-Riom, Saint-Etienne-de-Menet, Rochers Républicains) : stéphanois et stéphanoises
Saint-Hippolyte (anc. Saint-Hippolyte d'Apchon, San Chipogue en occitan) : saint-hippolytains et saint-hippolytaines (à confirmer, surnom gastous)
Trizac : trizacois et trizacoises
Valette : valettois et valettoisesA propos des bricous
C'est entre 1337 et 1453, date de la guerre de cent ans, que pour éviter une mort certaine, les habitants du village jetèrent du haut du Château d'Apchon, des briques de terres cuites, de l'huile bouillante et autres munitions artisanales aux Anglais. Depuis, on appelle les apchonnais les bricous et le Comité des fêtes a adopté ce nom.
A propos des cagadrinlhes
La veille de la Saint Léger, le 2 octobre, les femmes avaient coutume de venir déposer au pied de son image des nourritures variées : fromages, beurre, saucisses. Elles se doutaient bien que ces cadeaux étaient consommés par le curé, homme de chair, plutôt que par un homme des bois, mais qui leur servait d'interprète. Une année cependant qu'il n'avait pas envoyé la pluie comme il aurait du, elles décidèrent de le priver de nourriture. Et que se passa-t-il ? Le lendemain, le saint avait disparu. Voilà tout le monde partit à sa recherche. On finit par le retrouver au Bois-Grand, sous un alisier, une grappe d'alises dans la bouche, de ces fruits qui ressemblent à des cerises, en plus dur, dont les oiseaux sont friands. On le rapporta dans son église où il voulut bien recommencer ses miracles. Voilà comment les habitants de Cheylade furent considérés comme des mangeurs d'alises*.
* Jean Anglade a voulu rester correct mais "cagadrinlhes" signifie littéralement "chieurs d'alises".
Jean ANGLADE in Les Puysatiers
A propos des gastous
Saint-Hippolyte, (en auvergnat San Chipogue), était un saint très pauvre et très âgé, il recueillait la Vierge des Bergers pour les mauvais jours, dans sa petite église chenue et décrépite, toute chancelante et vieillesse. D'après la tradition, les paroissiens offraient des gates (pois) à leur saint, le jour de sa fête. Un jour, on lui refusa son tribut séculaire. Le saint disparut. Il était dans un champ de pois, la bouche remplie de ces légumes. De là vient le surnom de gastous qui fut donné aux habitants de Saint-Hippolyte.
Annette LAURAS-POURRAT, Guide de l'Auvergne mystérieuse
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