• Il était une fois... La route de la Reine Blanche

    La Route du Sel, ou route de la Reine Blanche, est l'une des routes commerciales d'échanges et de commerce, par laquelle le sel fut transporté depuis les régions de production vers les régions qui en manquaient. Aussi innombrables que les axes d‘échange commerciaux, les routes du sel au Moyen Âge permettaient ainsi de couvrir les contrées les plus isolées.

    A notre échelle, la Route du Sel reliait Trizac à Dienne en traversant les plateaux de Trizac, de Collandres, d'Apchon puis du Limon via La Chatonnière, Les Jaleines, la Croix du Mouton (Collandres) puis Saint-Hippolyte, Selins (Saint-Hippolyte), Chavanon (Cheylade) et La Croix du Gendarme (Dienne). Les mulets y transportaient les sacs de sel de l'Atlantique jusqu'à la vallée de l'Alagnon.



     en rouge : le tracé de la route de la Reine Blanche
    entre La Chatonnière et Collandres (cliquer sur la carte pour agrandir)
    carte IGN de 1965

     

    Le long de la route...

    Trizac a du, à une époque reculée, posséder une population importante. Elle compta jusqu'à trois églises (Sainte Marie, Saint Jean-Baptiste et Saint-Beauzire). De ces trois églises, une seule subsiste, la dernière, classée Monument Historique.

    Sur le plateau de Collandres/Trizac, deux grandes voies ont été identifiées par les archéologues dans les années 1970 et 1980: la première est orientée est-ouest (la route du sel) et la seconde nord-sud. Elles assuraient les liaisons principales entre Collandres et Trizac d'une part, celles de Rignac et de Collandres (par la parcelle du clos de Plume, au nord d'Espinasse), d'autre part.

    La Route de la Reine Blanche, entre Trizac et Collandres, a un tracé assez rectiligne, et traverse les parcelles d'Espinasse, des Jaleines et de la Chatonnière. Jusque dans les années 60, elle fut empruntée par les troupeaux que l'on conduisait à la foire de Trizac. A l'époque, il faut savoir que la route reliant Collandres à Valette n'existait pas encore et que le bitume s'arrêtait au niveau de la ferme d'Espinasse. Pistes et tsarreiros (chemins de transport des troupeaux) assuraient donc la liaison Collandres/Trizac.

    La voie était sans doute pavée, comme l'atteste un sondage réalisé sur la parcelle de la Chatonnière et d'Espinasse et des vestiges au nord du bois de Cournil. Sa largeur variait entre deux et trois mètres. De part et d'autre de la route, on a découvert plusieurs tombelles (également appelées tumulus ou tertres) dont les plus anciennes remontent au 1er siècle avant J.-C., ainsi que de nombreux vestiges de villages désertés (des cases subsistent au nord et au sud des Jaleines).

    Plus loin, sur le plateau du Limon, la route du sel prend un autre nom, celui de chemin des Quiroux. Le chemin était dangereux, surtout par temps de brouillard ou d'écir, cette tempête de neige qui coûta la vie à de nombreuses personnes. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, c'était la seule voie de cette importance qui, à 1 400 m d'altitude, relait Cheylade à Dienne. Elle continuait vers Murat et permettait de pénétrer dans le nord du massif du Cantal. Sans les quiroux (plus de 180 tas de pierres de basalte situés tous les 20 m sur le plateau), il aurait été facile de s'y perdre.

     

    Personnes sources 

    Marie-Claire SIMON COSTE. Les montagnes d'Auvergne avant la vie pastorale actuelle. Villages désertés et paysage fossile de la commune de Collandres (Cantal).

    Odette LAPEYRE

    Jean-Baptiste BOUILLET, Description historique et scientifique de la Haute-Auvergne

    DERIBIER DU CHATELET, Dictionnaire statistique du département du Cantal


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  • Les premiers pas du tourisme en pays riomois

    Le développement du tourisme dans le Cantal est lié à celui du thermalisme et du transport ferroviaire. Au XIXe siècle, les thermes sont en plein essor, plusieurs guides mentionnent la source et les eaux de Vic-sur-Cère qui sont froides (12°C), ferrugineuses, gazeuses, bicarbonatées et sodiques, et ont d'autant plus de succès que la Compagnie des chemins de fer d'Orléans construit une ligne ferroviaire et deux grands hôtels dont elle fait la promotion : l'un au Lioran, l'autre sur le versant sud qui domine la vallée. Le site naturel du Pas-de-Cère attise la curiosité des voyageurs.

    Mais focalisons-nous sur le pays de Riom-ès-Montagnes. Comme dans la vallée de la Cère, le tourisme doit son développement à l'arrivée du train en 1907. Voici quelques dates clé qui décrivent ce processus.

    2 décembre 1907 : le premier train arrive en gare de Saint-Etienne/Menet et de Riom-ès-Montagnes en provenance de Paris, via Bort-les-Orgues.

    11 mai 1908 : le premier train arrive en gare de Condat/Saint-Amandin, grâce à l'ouverture de la ligne Allanche / Riom-ès-Montagnes. Le pays de Riom-ès-Montagnes est désormais accessible depuis Paris et Béziers, respectivement via Bort-les-Orgues et Neussargues. C'est la Compagnie du Chemin de Fer d'Orléans qui gère la ligne. Il faut “moins de neuf heures” pour gagner la capitale !

    26 mai 1912 : la commune de Riom-ès-Montagnes édite son premier guide touristique.

    Février 1920 : le Syndicat d'initiative de Riom-ès-Montagnes voit le jour

    1921 : le Syndicat d'initiative de la vallée de Cheylade édite un guide touristique

    1924 : relance des foires grâce au chemin de fer. La plus célèbre est celle de la St Michel.

    1927 : le Syndicat d'initiative publie un nouveau guide touristique, dont voici le contenu intégral (merci à Stéphane Pouget de nous avoir transmis ce document rare via son blog) :



    Consulter le guide
    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/8.html

    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/9.html
    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/10.html


    La page de couverture (photo) parle de “cures d'air et excursions”. A l'époque, l'approche du tourisme est encore très orientée vers l'aspect médical, l'air pur ayant en effet des vertus curatives.

    Dans le guide, il est fait mention des nombreuses sources minérales “aux vertus curatives”, et notamment de celle de la Font Salée, qui fut commercialisée de 1898 à 1952 (1). Les autres curiosités mises en avant sont les édifices religieux, les sites archéologiques et le “musée Bourgeade des Planchettes”, les cascades et lacs comme celui “de la Grange” (étang de Majonenc); et une part belle est faite à l'histoire locale.

     

     

    (1) A propos de la Font Salée

    La source de la Font Salée, niché au creux de la commune d'Apchon, a un débit faible mais une curieuse histoire. Peu minéralisée et au goût neutre, elle porte donc mal son nom ! Toutefois, Deribier du Chatelet lui prêta des vertus inattendues pour les prsonnes souffrant "d'embarras gastriques" et de "pâles couleurs". A la fin du XIXe siècle, Emise Pigot, un restaurateur parisien, entreprit de la commercialiser sous le nom d'eau Saint- Eloy. Il eut l'autorisation requise en mai 1898. Mais l'exploitation n'était pas simple, car la source n'est accessible que par un chemin escarpé. Aussi, à peine l'eau recueillie et embouteillée, des ânes remontaient les caisses vers des lieux plus faciles d'accès où pouvaient partir les livraisons. Ce commerce cessa à l'orée de la première guerre mondiale et l'autorisation d'exploitation fut retirée en 1952, en raison de l'accès contraignant, de l'altitude, et aussi du faible débit de la source : 1,3 L à la minute environ. Aujourd'hui, la source et son bassin ont été restaurés et l'eau qui jaillit garde, sans nul doute, ses propriétés.

     

    Sources : Office de tourisme du Pays Gentiane, stephpaysgentiane15.skyrock.com, carnetdebort.org


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  • Apchon au coeur du premier roman
    de Louise Cambefort

    Née le 5 Janvier 1944 à Grenoble, Louise Cambefort a récemment publié aux éditions Baudelaire un ouvrage où elle exprime son attachement au Haut Cantal en relatant l'histoire de Marguerite, une apchonnaise qui, après 50 ans d'exil, retourne au pays. Une fausse autobiographie qui s'inspire pourtant de sa propre vie : Louise Cambefort a grandi et fait ses études à Grenoble, avant de revenir dans les Alpes en 1972. Voici deux extraits de "Marguerite et le village", disponible sur editions-baudelaire.com, fnac.com, amazon.fr ou encore chapitre.com.   

      « À vingt ans, assoiffée de liberté et avide d’émotions, Marguerite a quitté son village natal, étriqué et étouffant – la fuite était vitale. Elle est partie à la découverte du monde, comme on part à la guerre, et n’est plus jamais revenue. »

    [...]

    « Encore un virage ou deux et elle l’apercevra, niché là-haut sur le plateau, ce plateau balayé par le vent du Nord plus souvent que par celui du Sud. Son cœur battra un peu plus vite. L’angoisse étreindra sa poitrine. Le reconnaîtra-t-elle après cinquante années ? Un demi-siècle de bourlinguage de par le monde, avec pour seul bagage de départ un sac à dos, de bonnes chaussures et, quand même, un bon compte en banque qui lui permettrait une errance confortable, sinon de luxe ! Que cherchait-elle ainsi ? Qui cherchait-elle sans jamais le trouver et encore moins se trouver ? »


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  • Les Journées du Patrimoine nous invitent au voyage

    Le Ministère de la Culture et de la Communication a retenu “le voyage du patrimoine” comme thème de l'édition 2011 des Journées du Patrimoine. Une occasion rêvée de monter à bord du Gentiane Express qui circulera le dimanche 18 septembre (départ en gare de Riom-ès-Montagnes).

    Le Gentiane Express effectuera deux navettes (9 h et 14 h*) entre Riom-ès-Montagnes et Lugarde, ce qui peut être une façon originale de se rendre à la brocante de Lugarde (16e Rencontres des Collectionneurs de 8 h à 18 h, 160 exposants !). 

    Puis l'après-midi (15 h**), le train n'effectuera pas son trajet actuel puisqu'il stoppera sa course au viaduc de Barajol pour une pause d'1 h 30. Les voyageurs seront invités à descendre au pied de cet ouvrage monumental et auront le privilège de découvrir son histoire et les secrets de sa maçonnerie.


     



    * 10 € aller-retour, se renseigner auprès de l'Office de tourisme.

    ** Balade commentée organisée par l'association Chemins de Fer de la Haute Auvergne en partenariat avec la Communauté de communes du Pays Gentiane. Le tarif est de 5 € par personne, il est fortement recommandé de se renseigner auprès de l'Office de tourisme du Pays Gentiane pour réserver (04 71 78 07 37).



     




    Le patrimoine souffre parfois d'une mauvaise image et certains le considèrent comme figé. Inversement, le voyage évoque l’ailleurs, la frontière, l’horizon, le dépaysement. Il fait émerger des figures mythiques (le découvreur, l’aventurier, l’explorateur) et naître des rêves de vitesse, de liberté et de partage.

    enpaysgentiane s'associe à ce rendez-vous et vous propose au cours de la semaine prochaine une série de trois reportages au sujet de la ligne ferroviaire Bort/Neussargues, de la Route de la Reine Blanche puis du développement touristique du pays riomois au cours du XXe siècle.  


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