• Zoom sur la résistance en pays riomois

    Copyright Le Pays de Riom-ès-Montagnes - édition spéciale n° 5 "Riom de 1940 à 1950"

    Les 24 et 29 décembre 1941, une pluie de tracts invitant la population à la résistance arrosa Riom-ès-Montagnes, tracts lâchés par avion. La résistance démarra assez lentement à Riom-ès-Montagnes. Comme partout ailleurs, elle partit de petits cercles d'amis qui se réunissaient régulièrement pour commenter les nouvelles et les derniers communiqués de la radio de Londres.

    Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes envahirent la France du sud. Dès lors, dans le Cantal, la Résistance s'organisa. Au printemps 1943, des Riomois rejoignirent le principal mouvement de résistance, le MUR (Mouvement uni de la résistance). 

    Parmi eux, Robert Monier, Jean Couderc, Jules Mougenot, Lignon et Jules Chauchard. Au cours de l'année 1943, chaque canton fut doté d'un responsable qui recruta à son tour un correspondant dans chaque commune. L'Armée secrète (AS) se forma ainsi rapidement. Au sein du MUR, Monier et Lignon furent nommés responsables du canton de Riom-ès-Montagnes. A l'automne 1943, la mise en place des "groupes francs", également appelés "corps francs" ou "sizaines de choc" était achevée. Chaque sizaine était une cellule de six hommes. Ces groupes devaient être en mesure d'intervenir dans des actions de sabotage. En décembre 1943, six groupes francs étaient en place dans le Cantal. Celui des cantons de Riom-ès-Montagnes et de Condat avait pour responsable M. Athènes, dit "Greco". La région peut se flatter d'avoir été un des premiers centres de résistance du département. Les effectifs de l'Armée secrète prirent rapidement de l'ampleur. Elle compta plus de 2 000 hommes pour le Cantal, dont une cinquantaine pour le canton de Riom-ès-Montagnes.

    Au 1er juin 1944, le département comptait plus de 3 000 résistants actifs. En effet, à l'Armée secrète, s'ajoutait les effectifs des Francs Tireurs Partisans (200 à 250 hommes d'obédiance communiste), les combattants de l'Organisation de résistance de l'armée (entre 100 et 150 militants encadrés par d'anciens officiers de l'armée) et les effectifs des maquis (ils comptaient entre 500 et 600 hommes). Les combattants disposaient en outre de nombreux sympathisants.

    Les sabotages

    Dans la nuit du 10 au 11 mars 1944, le corps franc MUR de Condat-Riom s'empare d'un wagon de 400 pneus en gare de Condat-Saint Amandin. Il en enlève une partie et met le feu à ceux qu'ils ne peut emporter. Ce groupe était chargé plus précisément de désorganiser les moyens de transport par voie ferrée pour le nord-est du département.

    Parmi eux, il faut citer Jean Battud, employé de la SNCF à Saint-Amandin. C'est lui qui était chargé de poser les explosifs. Après avoir été arrêté, il est mort en déportation.

    Le 3 juin 1944, la voie ferré Bort-Neussargues explose en deux endroits de part et d'autre de Riom-ès-Montagnes.

    Le 4 juin 1944, nous raconte Paul Armand : "Les FFI arrivèrent à l'improviste, en plein midi avec une locomotive, pour coucher en douceur ses 60 àu 80 tonnes en travers le la voie et interdire ainsi la circulation. Ils neutralisèrent pacifiquement les gendarmes et plastiquèrent le rail un peu au-delà de l'Auvergne Laitière. Au premier essai, la loco passa par dessus le rail tordu et continua sa route. Il fallut sauter dans une traction pour la récupérer au passage à niveau de Saint-Angeau.

    A la deuxième tentative, avec une charge plus forte et en mettant toute la vapeur... Elle refusa encore de dérailler et disparut. Faute d'avoir pu être interceptée, elle finit sa course dans le potager du chef de gare de Saint-Etienne-de-Chomeil. J'ai vu tout cela, caché derrière les baraquements, là où est le nouveau foirail !"

    Autre fait de résistance attribué au même groupe Greco, la capture vers Riom-ès-Montagnes d'une estafette allemande se déplaçant à moto alors qu'elle se rendait de la Creuse au Puy le 23 juillet 1944.

    1944 : une clinique de la Résistance voyait le jour

    En 1944, un jeune chirurgien venu de Toulouse, le docteur E. Courty, monte avec son père une petite clinique à Riom-ès-Montagnes, 59 avenue de la République, à l'emplacement actuel de l'imprimerie. Dans une maison particulière, cinq chambres sont installées, soit une douzaine de lits. Cet établissement devient rapidement la clinique de la Résistance. Elle accueille de nombreux maquisards blessés lors des accrochages, puis des batailles rangées avec les troupes d'occupation. 

    La ville n'étant pas surveillée par une garnison allemande, les allées et venues se font en toute discrétion. Excellent organisateur, le docteur Courty met sur pied une équipe chirurgicale avec la complicité des médecins de la région, notamment Georges Delteil, Georges Godenèche, Jean Simon et MM. Serre, père et fils. Les interventions chirurgicales sont nombreuses et il y en eut de difficiles. Elles ont lieu aussi bien la nuit que le jour. Le docteur Courty est toujours là et appelle tantôt l'un, tantôt l'autre de ses aides. 

    Le 26 juin 1944, ce que l'on ne cessait de craindre finit par se produire. Le service de liaison qui fonctionne à merveille prévient la population, et surtout l'équipe médico-chirurgicale qu'une forte colonne allemande se dirige vers Riom-ès-Montagnes. Les docteurs Courty et Delteil s'éloignent non sans avoir prévenu le docteur Simon et lui avoir demandé de camoufler ses blessés. Le docteur Delteil se sait visé à cause de ses deux frères officiers qui sont passés à la dissidence en Afrique du Nord. C'est chez lui que la colonne allemande commence ses perquisitions. Sans résultat, heureusement ! Puis les allemands se rendent à la clinique Courty et ne trouvent rien… ! Des maquisards blessés et même un officier américain sont soignés dans la clinique comme de simples citoyens. Tout le personnel, bien stylé, les présente comme tels.

    (récit fondé sur divers témoignages de l'époque)

    La Libération : Riom honore ses résistants

    A Riom, trois stèles rappelent des faits de guerre datant de la 2nde Guerre mondiale : route de Châteauneuf et route de Saint Angeau (photos) mais aussi sous le Sard, en l'honneur de Robert Monier, chef de la Résistance de Riom-ès-Montagnes et son camarade Grégoire, "tués par l'ennemi le 9 juillet 1944".


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  • Journées du patrimoine : le programme en Pays Gentiane

    APCHON

    Dans le cadre des actions de l’association « Apchon, Patrimoine au Cœur » qui a pour but d’œuvrer à la sauvegarde, la mise en valeur et l’entretien du patrimoine du village et du Château d’Apchon, celle-ci propose un programme complet sur deux jours.

    - Samedi 19 septembre

    9h30 départ depuis la salle polyvalente du World Clean Up Day
    14h30 Départ depuis la salle polyvalente pour la randonnée « A la Font Salée »

    - Dimanche 20 septembre

    10h Départ depuis la salle polyvalente de la visite commentée et déguisée du patrimoine d’Apchon
    14h Chasse au trésor pour les enfants
    16h Spectacle aux pieds des ruines avec la Compagnie Le Laskar Théatre, proposé par Euroculture  offert dans le cadre la Saison Culturelle de la Communauté de Communes du Pays Gentiane

    Contacts : Rémy BEYLE, trésorier, remy.beyle@laposte.net
    J-Jacques CASSES, président, masaje.casses@hotmail.fr

     

    CONDAT

    Dimanche 20 septembre

    L’Espace Albert Monier sera ouvert aux visiteurs de 15h à 18h.

     

    MARCHASTEL

    La commune de Marchastel, en lien avec le Groupe d'étude sur le peintre Tribus et la médiathèque de Riom participe aux "Journées du Patrimoine" sur le thème: Sur les traces du peintre Tribus qui a vécu en Pays Gentiane entre 1936 et 1942 et laissé de nombreuses traces de son passage (fresques, peintures).

    Samedi 19 septembre

    Une présentation de son parcours et de ses œuvres aura lieu à la mairie de Marchastel, puis à Soubrevèze de 10 heures à midi puis de 14h30 à 17h30 :

    - Visite commentée de l'exposition de tableaux et projection des photos des fresques murales

    - Visite à l'ancienne laiterie de Soubrevèze où il avait décoré les murs du bureau de scènes de la vie rurale.

    Cette manifestation est organisée par la Commune de Marchastel, le Groupe d'étude sur Guiseppe Tribus et la Bibliothèque municipale de Riom-ès-Montagnes.

    Port du masque obligatoire. Réservation conseillée.

    Renseignements et inscriptions : Bibliothèque 04 71 78 14 36 ou biblioth.riom.mgnes@wanadoo.fr

     

    MENET

    Samedi 19 septembre

    Menet, Petite Cité de Caractère, vous propose une matinée de visites guidées de la cité.
    Rendez-vous à partir de 9h30 à la Maison de la Pierre, Place du Monument, avec l’intervention de M. Francis Humbert, suivie de la visite de l’église par M. Jean-Louis Marandon et enfin visite du Château de Murat-La-Rabe par M. Jean-Claude Festas.

    Renseignements : Mairie de Menet : 04 71 78 30 69

     

    RIOM-ES-MONTAGNES

    Samedi 19 septembre

    L’association des Chemins de Fer de la Haute Auvergne (CFHA) organise une balade spéciale avec un train gratuit qui ira de Riom-ès-Montagnes au Viaduc de Barajol uniquement avec découverte du viaduc (dessus et dessous) et découverte du tunnel de Lestempes (quelques dizaines de mètres à l'intérieur pour découvrir sa voûte notamment).

    Gratuit. Prévoir d'être correctement chaussés. Respect les règles sanitaires en vigueur.

    Départ 15h00 gare de Riom, retour vers 17h45. Réservation obligatoire directement depuis le site internet : http://www.gentiane-express.com/gentiane-express/reservations

     

    Informations fournies par chaque organisateur. Nous ne saurions être tenus pour responsable en cas de modifications ou d’annulation. Liste non exhaustive.


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  • On ne présente plus les magnifiques églises romanes qui peuplent la région : nombreuses sont celles classées Monument historique ! Mais le Pays Gentiane offre également un patrimoine vernaculaire particulièrement riche : burons, croix, fours à pain, moulins à eau, fontaines, lavoirs, pigeonniers (Collandres, Saint-Etienne-de-Chomeil), petites chapelles et oratoires, châteaux, ponts en pierre ou même trappes à loups (2 à Marchastel et Saint-Etienne-de-Chomeil)... Connaissez-vous ces curiosités locales ? 

    > En savoir plus sur le petit patrimoine de pays autour de Riom-ès-Montagnes


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  • Le rôle des buronniers

    L'organisation du travail entre les buronniers était très hierarchisée. Le vacher était en charge de la traite, responsable du cheptel et de la fabrication du fromage. Il était accompagné du boutiller, qui aidait le vacher dans ses travaux, et du pâtre, parfois appelé message. Celui-ci s'occupait des veaux (garde des troupeaux, surveillance pour les empêcher de téter pendant la traite) et aidait à toutes les tâches : il s'agissait d'un jeune homme recruté soit par connaissance, soit à l'issue d'une "foire de la loue". Boutiller et pâtre devaient obéissance au vacher. Le métier est pénible : on se lève dès 4 h du matin pour la première traite.

    Les outils du buronnier

     


     

    La catseuse : utilisée pour presser la "caillée" (apparition : fin XIXe)

    La clide : barrière de bois ajourée servant à parquer le bétail pendant la traite

    La muselière : elle empêche les veaux de téter.

    Le joug : pièce de bois utilisée pour atteler une paire de vaches.

    La corne à sel ou "sagui" : corne de vache attachée à la ceinture des hommes pendant la traite pour distribuer le sel aux vaches

    La gerle : récipient cylindrique en bois cerclée de fer (contenance de 100 à 160 litres) servant à transporter le lait depuis le parc jusqu'au buron

    La selle à traire : tabouret de bois à un seul pied fixé à une ceinture par deux lanières de cuir, utilisé pendant la traite

    La corde : durant la traite, le veau est attaché à la patte avant gauche de sa mère

    La forme : moule à fourme

    Le "coupou" ou "pousi" : écope conçue pour puiser le petit lait dans la "gerle"

    Le "tressadou" ou "atrassadou" : planche à trous qui permettait de brasser le caillé

    La pelle : avec elle, la tome est transférée dans le moule

    Le frénial : outil utilisé pour rompre le caillé

    La "fraiseuse" : pour broyer la tome (apparition : fin XIXe), elle a remplacé les doigts du vacher ou l'utilisation d'un couteau. Les brins de tome tombent dans la maie (ou "millet"), caisse de sapin, où intervient le salage et le malaxage de la tome.

    Le pressoir : comme son nom l'indique, il sert à presser le fromage pour en faire sortir le petit lait

    L'écrémeuse : pour extraire les matières grasses du petit lait. Le petit lait restant est donné aux cochons, la crème est utilisée pour faire du beurre de montagne.

    La baratte : sert à battre la crème pour faire le beurre. Production : 12 à 13 kg de beurre

    L'ancre : sorte de pioche fort utile pour arracher les gentianes (et donc atteindre leurs racines, profondes)

    Le joug d'homme : utilisé pour transporter la gerle de lait

     

    Aujourd'hui, le travail des gardiens de troupeaux a évolué. Les pistes sont davantage carrossables et le 4x4 permet de gagner du temps... Le Cantal reste le premier département français en ce qui concerne la transhumance bovine.

     

    Sources : Chamina, association Valrhue, Coptasa


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  • Le plateau de Trizac, entre Collandres, Trizac et Valette, abrite de nombreux sites archéologiques. Voici quelques sites intéressants à visiter (vous pouvez vous munir également des cartes IGN disponibles sur geoportail.fr).


    Cheylade.

    Le Camp des Anglais : sur le plateau du Limon apparaissent des traces d'habitats remontant au Moyen-Age.
    >>En savoir plus sur l'habitat fortifié du Camp des Anglais

     

    Collandres.

    La Bade :
    grotte des Fées (époque épipaléolithique). Cet abri sous roche a servi d'habitation, et plusieurs objets y ont été retrouvés lors de fouilles : poteries gallo-romaines, fragments de statuettes en terre-blanche gallo-romaines... La grotte a été exploitée par la CECA (exploitation de diatomées).

    Espinasse (Moyen-âge). On accède au village de "l'Oupilhèro" (cf le Clau de Plume) par le chemin qui prend la direction du nord depuis la ferme d'Espinasse. Quelques mètres avant la fin de ce chemin, sur votre droite, vous découvrirez les vestiges d'un ancien village (cases, allée centrale bien identifiable). Un autre village, dont les cases sont mieux conservées, se situe à 100 m en aval du pont enjambant le Cheylat, sur votre gauche.




    Village déserté des Jaleines (Collandres)



    Les Jaleines (Moyen-âge). Au sud des Jaleines, en lisière du bois, vous identifierez des vestiges romains, comme en témoignent plusieurs cases. Plus à l'est de ce village déserté, ce qui ressemble à un ancien buron entouré d'un fossé circulaire est en réalité une ancienne tour de guêt.

    Invialars (Moyen-âge). Juste au nord du bourg de Collandres, au carrefour marqué par une croix, prenez à droite. Ce sont les ruines d'Invialars : une enceinte circulaire qui n'a pas livré tous ses secrets. Est-ce un ancien castrum (petite forteresse), ou un simple enclos utilisé pour les bêtes ? A vous de mener l'enquête !

    Croix du Mouton (Moyen-âge). Depuis le bourg de Collandres, lorsque vous empruntez la route du suc de Rond, vous arrivez rapidement à la croix du Mouton. C'est le départ d'un très ancien chemin, qui est aujourd'hui encore bien délimité jusqu'au sud d'Espinasse (gué sur le Cheylat). Il s'agit probablement d'un vestige de la Route du Sel (ou Route de la Reine Blanche), qui se poursuivait ensuite vers Cheylade (chemin des Quiroux).

    Une exposition des Archives départementales du Cantal (2012) a notamment mentionné l'un des hameaux médiévaux de Collandres.
    >> En savoir plus

     

    Trizac.

    Bois du Marilhou (Moyen-âge). Cet espace naturel sensible cache deux villages désertés que sont le mystérieux site de Cotteughes (à 1 km du col d'Aulac) et celui de Freydefont. Cotteughes est l'un des sites majeurs du Pays Gentiane, classé Monument historique. A voir absolument.

     

    Riom-ès-Montagnes.

    La Cousty (Néolithique). Le dolmen de La Cousty, au nord de Riom, suscite toujours un débat chez les archéologues. Est-ce réellement un dolmen ?!

    Chateauneuf (Protohistoire, Moyen-âge). Sur cet ancien site fortifié, de nombreux objets d'époque ont été retrouvés. Autour du village, sous les orgues, on aperçoit effectivement des cases...

     

    Valette.

    Peyre Grosse. Le village de
    la Pierre Grosse  compte parmi ses batisses une maison des Chevaliers du Temple (ordre des Templiers, en haut du village à côté du four banal).

    Pont de la Cliotte (Moyen-âge). En aval de Valette, sur la Sumène, cet ancien pont romain en pierres et à dos d'âne permettait de relier Riom-ès-Montagnes et Valette à Menet.

     

    Menet.

    Puy de Ménoyre (Antiquité/Moyen-âge). Cette ancienne forteresse, constituée de plusieurs habitations protégées par une enceinte circulaire, était idéalement située.

     

    Vestiges de la forteresse mérovingienne du Puy de Ménoyre (Menet)

     

     

    Apchon.

    Le bourg (Moyen-âge). Comment ne pas citer les magnifiques ruines du château féodal d'Apchon, qui dominent le village et offrent un panorama exceptionnel sur les monts du Cantal, le Cézallier, l'Artense et le Sancy, le Limousin...

    Enfin, sur le plateau de Trizac, principalement sur les secteurs de Riom-ès-Montagnes et Menet, mais aussi vers Trizac et Collandres, plusieurs dizaines de tertres (tumuli, nécropoles tumulaires de la Protohistoire et du Moyen-âge) sont encore visibles, notamment si vous utilisez le logiciel Google Earth. Plus difficile cependant de les identifier sur place...


    La Route du Sel.

    De Trizac à Cheylade en passant par Collandres subsistent des vestiges de la Route du Sel. Mais qu'est-ce donc que la Route du Sel ?! >> En savoir plus

     


    Diagnostic archéologique du Pays Gentiane

    Une étude de diagnostic portant sur le patrimoine archéologique du Pays Gentiane été menée en 2007. Si d’emblée elle laisse apparaître un manque de connaissance historique, le travail accompli met en lumière des vestiges uniques en Europe par leur nombre et leur conservation : les tertres.

    Dès l’âge du Bronze en effet (-2000 à -750 av J.C.), les hommes ont ici édifié des tertres, appelés également nécropoles tumulaires ou tumuli, leur servant de sépulture le long des voies de communication. Localisés sur les plateaux, aux passages des cols et le long des grands chemins de  transhumance, ces tertres sont restés jusqu’à maintenant bien lisibles dans le paysage, notamment d’un point de vue aérien.

    Cette conservation semble dûe à une agriculture qui ne s’est pas intensifiée en milieu montagnard. Les plus gros tertres se situent sur les communes de Riom-ès-Montagnes et Menet et la plus grande concentration de ces édifices est à Trizac.


     
    >> télécharger l'inventaire    

    "Le massif du Cantal recèle un nombre exceptionnellement élevé de tombes individuelles sous tumulus (Vinatié, 1995). Elles sont particulièrement nombreuses sur les hauts plateaux des communes de Mons, Laurie, Vernols, Allanche, Saint-Bonnet-de-Salers... Ces structures funéraires, souvent groupées en nécropoles, se présentent sous la forme de tertres de pierres, soigneusement construits, qui protègent le plus souvent un coffre funéraire recélant un corps incinéré. Les tumulus devaient être réservés à une élite de petits chefs. Certains ont livré un riche mobilier funéraire, souvent métallique (armes, objets de parure en bronze et en or). Les tertres ont des dimensions variables, depuis d'imposants monuments jusqu'à de discrètes tombelles. On serait tenté d'attribuer ces variations morphologiques à des différences de statut social des défunts. Les tumulus semblent particulièrement nombreux sur les axes naturels de circulation, ou au voisinage des cols, ce qui renvoie là encore à l'idée de marqueurs de territoire."

    Frédéric Surmely
    Docteur en préhistoire, agrégé d'histoire, conservateur du Patrimoine.

     

    "Il existe 21 tombelles dans le canton de Riom-ès-Montagnes : 11 sur Collandres, 1 sur Saint-Hippolyte, 7 sur Trizac et 2 sur Valette. Ces tombelles furent conçues à proximité de villages aujourd'hui désertés et de voies romaines ou protohistoriques comme la célèbre Route de la Reine Blanche, qui reliait notamment Trizac à Cheylade en passant par Collandres. De plus, elles se situaient sur des zones déboisées, entre 1000 et 1200 m, dans des lieux abrités, sur une légère pente ou un replat. Des études ont conclu que les tertres de Collandres remontaient pour les plus anciennes au premier siècle avant J-C."

    D'après la Revue de la Haute Auvergne, Riom-ès-Montagnes et le Pays Gentiane, 2009

     


     Prenons de la hauteur...
    Histoire du peuplement du massif cantalien

    L'histoire du peuplement du massif cantalien est encore pleine d'incertitudes et de mystères, dans une région où les travaux archéologiques sont encore relativement peu développés, en dehors de quelques secteurs précis.

    La vigueur de l'érosion, qui a favorisé l'altération des gisements ou bien leur recouvrement sous d'épaisses formations superficielles, constitue un obstacle certain pour la recherche. Néanmoins, la richesse du patrimoine archéologique et l'absence de grands travaux destructeurs font du massif cantalien un cadre très prometteur pour l'archéologie de demain.

    Les plus vieilles traces de la présence humaine dans le secteur des monts du Cantal datent de la fin du tardiglaciaire, c'est-à-dire à la fin de l'époque magdalénienne, il y a environ 15.000 ans (Surmely, 1998). Cette colonisation des hauteurs s'explique avant tout par la disparition des glaciers, le radoucissement du climat et les changements environnementaux qui ont rendu la montagne attractive pour l'homme. C'est aussi à cette même période que se sont peuplées les Alpes et les Pyrénées. Des gisements magdaléniens ont été découverts dans des abris-sous-roche, notamment aux lieux-dits Cors (Saint-Chamant), La Tourille (Celles), Le Cavalier (Molompize), La Bade (Collandres), à des altitudes variant entre 700 et 1200 m.

    Il s'agissait de petits campements fréquentés de façon brève par de petits groupes humains très mobiles, dans le cadre de circuits plus vastes. La mauvaise conservation des restes organiques ne permet pas de connaître en détail les stratégies d'acquisition des ressources alimentaires. Les produits animaux issus de la chasse occupaient très certainement la première place, mais la pêche et surtout la cueillette, dont l'importance est trop souvent mésestimée, devaient jouer un rôle non négligeable. La moyenne montagne cantalienne, du fait de la très grande diversité géologique et topographique, offre en effet une très grande variété de ressources potentielles. La gestion programmée de l'approvisionnement en silex, mise en évidence à partir de l'étude des industries lithiques, montre sans conteste que les expéditions devaient être soigneusement préparées et organisées. L'image de bandes errantes et affamées, menant une vie hasardeuse, est à abandonner complètement, au profit de celle de populations sachant profiter au maximum des potentialités offertes par le milieu naturel et s'adaptant aux contraintes. Il est probable que la fréquentation de la moyenne montagne cantalienne se faisait dans un cadre saisonnier, avec une alternance de séjours en plaine et en montagne. Les hommes ont abondamment utilisé les silex des séries calcaires tertiaires du versant occidental (bassin d'Aurillac/Mur-de-Barrez) et du bassin du Malzieu. Les chailles jurassiques du bassin de Saint-Flour, peu propices à la taille en raison de leur petit module et de leur grain assez grossier, n'ont été utilisées que de façon marginale. Les occupants de l'abri de la Bade (Collandres) ont eu largement recours à la diatomite recristallisée, de couleur orangée et dont la provenance est locale. Les populations magdaléniennes du versant oriental ont également utilisé un excellent silex gris translucide, dont l'origine est à chercher dans les formations marines du crétacé supérieur du Berry. Ce matériau se retrouve dans tous les gisements préhistoriques du Val d'Allier, à partir du Gravettien. Les modes d'acquisition de ce silex restent à déterminer : acheminement direct au cours de grandes migrations, ou bien échanges entre populations voisines.

    La densification progressive du couvert végétal du début de l'holocène a accru encore la quantité et la variété des ressources potentielles de la moyenne montagne. Les hommes ont multiplié leurs incursions sporadiques, mais leurs territoires de parcours semblent s'être restreints (Surmely, 1998). L'important gisement mésolithique des Baraquettes (Velzic) révèle une fréquentation régulière du site au cours des phases anciennes et moyennes du mésolithique, entre 9000 et 7000 ans avant notre ère, avec une importante activité de chasse (sanglier, cerf, chamois, ours...) et de traitement des produits animaux. D'autres gisements de cette époque sont connus à Ventecul (Raulhac), ainsi qu'au Cuze (Sainte-Anastasie).

    L'apparition de l'économie agricole, qui a accompagné le néolithique, n'a pas remis pas en cause l'attractivité du massif cantalien. Au contraire, les sites se sont multipliés, comme le montrent les découvertes effectuées notamment sur la planèze de Saint-Flour, autour de la vallée de la Jordanne et dans le secteur de Massiac. Les premiers paysans se sont installés sur les hauts plateaux, jusqu'à 1100 mètres, pour profiter des sols volcaniques des planèzes, à la fois légers et très fertiles. C'est le cas notamment de la planèze de Saint-Flour, qui était réputée jusqu'au siècle dernier pour être "le grenier à blé de la Haute-Auvergne". Cette hypothèse est corroborée par la découverte de pollens de céréales et de plantes rudérales dans les tourbières. Les nombreuses haches polies découvertes dans le Cantal (façonnées dans le silex, la fibrolithe ou le basalte) servaient à défricher les terres. Si les habitats étaient le plus souvent établis en plein air, les grottes et abris continuaient d'être fréquentés régulièrement. Le mouvement de sédentarisation des populations a progressé fortement, mais ces dernières restent encore très mobiles.

    Le néolithique ancien est encore mal connu, avec quelques indices dans la vallée de la Jordanne. Le néolithique moyen a vu la création de grands habitats établis sur des sites perchés, probablement fortifiés, tels celui de Chastel-sur-Murat. La sédentarisation et l'appropriation des terroirs ont été marquée surtout par la construction de monuments mégalithiques (menhirs, et surtout dolmens) au néolithique final. Ils sont particulièrement nombreux sur la planèze de Saint-Flour. Les constructeurs ont soigneusement choisi les lieux d'implantation, au prix de déplacements de blocs de plusieurs tonnes sur plusieurs kilomètres (Surmely et alii, 1996). Les critères d'implantation semblent avoir été la recherche d'une position dominante, aux limites de plusieurs biozones. Il paraît donc plausible d'attribuer à ces monuments spectaculaires la fonction de marqueurs de territoire.

    Des découvertes d'objets néolithiques isolés (notamment des pointes de flèches) sur les sommets du Cantal témoignent vraisemblablement d'expéditions de chasse en montagne. A Mur-de-Barrez (Aveyron), des mines de silex ont été exploitées, au moyen des galeries souterraines.

    Avec les défrichements et la mise en culture, l'homme a imprimé désormais sa marque sur le milieu naturel. Mais ces transformations sont restées encore limitées.

    Les changements se sont accentués nettement avec les âges des métaux, à la fin du troisième millénaire avant notre ère. Les progrès techniques (notamment liés à la métallurgie) ont permis une augmentation des productions agricoles et de la population, avec en parallèle une hiérarchisation et une structuration de la société. Faute de fouilles récentes, nous connaissons encore mal les modalités de peuplement durant cette époque, qui semble voir la naissance de distinctions entre villages et centres politiques fortifiés. L'ouverture de mines est prouvée pour l'époque gauloise (Labessette).

    Par contre, le massif du Cantal recèle un nombre exceptionnellement élevé de tombes individuelles sous tumulus (Vinatié, 1995). Elles sont particulièrement nombreuses sur les hauts plateaux des communes de Mons, Laurie, Vernols, Allanche, Saint-Bonnet-de-Salers... Ces structures funéraires, souvent groupées en nécropoles, se présentent sous la forme de tertres de pierres, soigneusement construits, qui protègent le plus souvent un coffre funéraire recélant un corps incinéré. Les tumulus devaient être réservés à une élite de petits chefs. Certains ont livré un riche mobilier funéraire, souvent métallique (armes, objets de parure en bronze et en or). Les tertres ont des dimensions variables, depuis d'imposants monuments jusqu'à de discrètes tombelles. On serait tenté d'attribuer ces variations morphologiques à des différences de statut social des défunts. Les tumulus semblent particulièrement nombreux sur les axes naturels de circulation, ou au voisinage des cols, ce qui renvoie là encore à l'idée de marqueurs de territoire.

    Cette organisation du peuplement s'accroît encore à l'époque gallo-romaine. L'économie agro-pastorale est structurée par la création de grands domaines (villae), qui sont nombreux sur les contreforts du massif, notamment dans le secteur d'Allanche-Massiac (Vinatié, 1995). L'aménagement de voies permet des échanges commerciaux plus importants, ainsi que la naissance de petites villes-marchés (Riom-ès-Montagnes, Arpajon-sur-Cère) et de centres thermaux et religieux (Coren-les-Eaux, Vic-sur-Cère, Ydes, Veyrines de Landeyrat).

    A la fin de l'Antiquité, l'habitat paraît se resserrer dans un premier temps près de grands centres fortifiés (Chastel-Marlhac, Saint-Victor de Massiac, Escorailles...), avant de se s'étendre largement à partir de l'époque carolingienne. Cet essor économique et démographique s'accompagne d'un élan de construction d'églises (église de Lascelles) et de châteaux (Apchon, tour de Marzes), qui forment les cadres politiques.

    Cette croissance, liée à l'optimum climatique de l'an mil, explique la multiplication de villages permanents au cœur de la moyenne montagne, à 1100, voire 1200 m d'altitude. Les plus grands, comme celui d'Espinasse à Collandres ou de Cotteughes à Trizac, comprenaient plusieurs moulins, des canaux d'irrigation (Simon-Coste, 1988)... Ces villages seront abandonnés quelques siècles plus tard, sous les effets conjugués de la crise démographique et de la dégradation climatique. Ces nombreux "villages désertés" qui jalonnent les hauts plateaux ne sont pas à confondre avec les vestiges des anciens burons, qui dès la reprise économique de l'époque moderne, marquent la naissance d'un nouveau type d'exploitation des hautes terres, autour de l'élevage extensif et capitalistique sur les "montagnes". Les maîtres de la terre se plaisent à résider dans de somptueux châteaux, qui sont souvent d'anciennes forteresses médiévales remises au goût du jour (château de Saint-Chamant).

     

    Frédéric Surmely

    Docteur en préhistoire, agrégé d'histoire, conservateur du Patrimoine.


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