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    Le rôle des buronniers

    L'organisation du travail entre les buronniers était très hierarchisée. Le vacher était en charge de la traite, responsable du cheptel et de la fabrication du fromage. Il était accompagné du boutiller, qui aidait le vacher dans ses travaux, et du pâtre, parfois appelé message. Celui-ci s'occupait des veaux (garde des troupeaux, surveillance pour les empêcher de téter pendant la traite) et aidait à toutes les tâches : il s'agissait d'un jeune homme recruté soit par connaissance, soit à l'issue d'une "foire de la loue". Boutiller et pâtre devaient obéissance au vacher. Le métier est pénible : on se lève dès 4 h du matin pour la première traite.

    Les outils du buronnier

     


     

    La catseuse : utilisée pour presser la "caillée" (apparition : fin XIXe)

    La clide : barrière de bois ajourée servant à parquer le bétail pendant la traite

    La muselière : elle empèche les veaux de téter.

    Le joug : pièce de bois utilisée pour atteler une paire de vaches.

    La corne à sel ou "sagui" : corne de vache attachée à la ceinture des hommes pendant la traite pour distribuer le sel aux vaches

    La gerle : récipient cylindrique en bois cerclée de fer (contenance de 100 à 160 litres) servant à transporter le lait depuis le parc jusqu'au buron

    La selle à traire : tabouret de bois à un seul pied fixé à une ceinture par deux lanières de cuir, utilisé pendant la traite

    La corde : durant la traite, le veau est attaché à la patte avant gauche de sa mère

    La forme : moule à fourme

    Le "coupou" ou "pousi" : écope conçue pour puiser le petit lait dans la "gerle"

    Le "tressadou" ou "atrassadou" : planche à trous qui permettait de brasser le caillé

    La pelle : avec elle, la tome est transférée dans le moule

    Le frénial : outil utilisé pour rompre le caillé

    La "fraiseuse" : pour broyer la tome (apparition : fin XIXe), elle a remplacé les doigts du vacher ou l'utilisation d'un couteau. Les brins de tome tombent dans la maie (ou "millet"), caisse de sapin, où intervient le salage et le malaxage de la tome.

    Le pressoir : comme son nom l'indique, il sert à presser le fromage pour en faire sortir le petit lait

    L'écrémeuse : pour extraire les matières grasses du petit lait. Le petit lait restant est donné aux cochons, la crème est utilisée pour faire du beurre de montagne.

    La baratte : sert à battre la crème pour faire le beurre. Production : 12 à 13 kg de beurre

    L'ancre : sorte de pioche fort utile pour arracher les gentianes (et donc atteindre leurs racines, profondes)

    Le joug d'homme : utilisé pour transporter la gerle de lait

     

    Aujourd'hui, le travail des gardiens de troupeaux a évolué. Les pistes sont davantage carrossables et le 4x4 permet de gagner du temps... Le Cantal reste le premier département français en ce qui concerne la transhumance bovine.

     

    Sources : Chamina, Valrhue, Coptasa


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  • Le Pays Gentiane offre un patrimoine vernaculaire particulièrement riche : burons, croix, fours à pain, moulins à eau, fontaines, lavoirs, pigeonniers (Collandres, Saint-Etienne-de-Chomeil), chapelles et oratoires, châteaux, ponts en pierre ou même trappes à loups (2 à Marchastel et Saint-Etienne-de-Chomeil). Sans oublier des ouvrages plus récents comme la gare de Saint-Amandin. 

     

     Les croix       avec cantalcroix.free.fr

    Croix de chemins 

    Le premier rôle d'une croix est de christianiser un lieu. Les croix de chemins témoignent donc avant tout de l'avancée du christianisme et de la présence de l'Église. C'est ce qui explique qu'un nombre important de menhirs ont été christianisés par l'adjonction d'une croix. On a dit que les autorités religieuses avaient cherché à détruire ces monuments pré-chrétiens; c'est en effet ce que plusieurs conciles ordonnent, mais, le plus souvent, on préféra récupérer ces objets de culte : il suffisait d'en changer la destination. 

    Les carrefours ont toujours fait l'objet d'une attention particulière. Il y a, en effet, un symbolisme de la croisée des chemins, et souvent les carrefours provoquent ce que l'on nomme chez nous une "peur". La croix fait donc office ici de talisman. Il ne faut pas négliger pour autant un rôle plus prosaïque d'indicateur : quand le croisement est sous la neige, la croix continue d'indiquer sa position.

    Enfin, un certain nombre de croix de chemin sont aussi des croix sur la voie des morts. De la maison du défunt à l'église paroissiale, le convoi funéraire s'arrêtait à toutes les croix et l'on récitait quelques prières appropriées.  
     

    Croix des Rogations et de processions 

    Certaines croix de chemins servaient aussi aux processions, et notamment aux Rogations, fête aujourd'hui bien oubliée mais essentielle en milieu rural.

    Les Rogations constituaient une fête liturgique s’échelonnant sur trois jours, du lundi au mercredi précédant l’Ascension. Ces Rogations, ou litanies mineures, furent instituées en 469 par saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné. Grégoire de Tours nous informe que l’usage fut introduit très tôt en Auvergne. 

    Curé en tête, la procession des paroissiens traversait le terroir de part en part, s’arrêtant aux croix pour bénir les prés et les champs. Chaque journée était consacrée, en principe, à la bénédiction d’un type particulier de culture : prés, champs, vignes ou quelque autre culture secondaire. Le but était évidemment de garantir, par des prières adéquates, la prospérité de la communauté villageoise en immunisant ses diverses productions contre les attaques des forces obscures. C’est pourquoi il importait aux paysans de disposer des croix aux endroits stratégiques, certes au bord des chemins, mais donnant sur les prés et les cultures. 

    Il y avait cependant beaucoup d'autres occasions de fleurir les croix, car les processions étaient nombreuses. 

    Croix de limites

    La croix, comme le menhir avant elle, peut servir de  borne. Entrée et sortie des villages sont normalement pourvues d'une croix, mais toutes les limites, religieuses ou profanes, pouvaient être ainsi matérialisées.

    Aux XIe et XIIe siècles, des Sauvetés sont crées et délimitées par des croix (Aurillac, Maurs, Montsalvy, Sauvat). Ces Sauvetés sont des terres d'asile qui ne dépendent que du fondateur, Abbé ou Pape. En réalité, il s'agissait ainsi d'attirer des travailleurs pour mette en valeur des terroirs encore inexploités. Les textes indiquent clairement la présence et le rôle juridique des croix.

    Croix des villages et des cimetières

    Chaque village, on l'a dit, s'ouvre et se ferme par des croix (du moins en terre catholique). Mais les places sont également christianisées, ainsi que les cimetières. 

    Nous savons que les cimetières se trouvaient tous, originellement, à proximité immédiate de l'église. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que la nouvelle "morale" de l'hygiène les a rejetés à l'extérieur des bourgs. La croix qui trônait au centre du champ des morts a pu faire le même voyage, ou bien est restée sur place pour devenir une "croix d'église".

    Croix des ponts, des sommets, des sources et des fontaines

    Chaque point important du paysage fait l'objet d'une christianisation. 

    Les ponts sont des points de passage obligés, et souvent étaient le lieu d'un péage. Une croix pouvait garantir (en théorie) la légitimité de cet impôt. Malheureusement les ponts anciens sont extrêmement rares aujourd'hui : Saint-Flour, Allanche, Saint-Simon.

    Presque tous les sommets, en revanche, ont conservé une croix. Le rôle de christianisation, de signal ou de rappel est ici évident.

    Enfin, les sources et les fontaines ont également reçu la marque du christianisme. D'abord parce que l'eau a toujours été sacrée, ensuite pour combattre (et en fait récupérer) les cultes antérieurs.


    Croix mémoriales

    Un grand nombre de croix servent de témoins. C'est ainsi que le lieu d'une mort brutale, ou au contraire d'un coup de chance, font l'objet d'une érection de croix. Dans le même registre citons les croix de peste, qui rappellent (et conjurent) une épidémie, ou les croix de pèlerinage, qui le plus souvent ne marquent pas une étape sur un trajet, mais rappellent le pèlerinage du donateur. Certaines "croix des batailles" se souviennent seules, et confusément, d'un conflit.

    Croix de toits, maisons, granges

    Afin de lutter contre les maléfices naturels (foudre, épidémies...), les habitants s'entouraient d'éléments protecteurs : la croix était le symbole de la bénédiction divine. 


    Quelques croix remarquables : Ribeyrolles, Font Sainte (Saint-Hippolyte, photos ci-contre), des Chevaliers, de Broc (Menet), de l'église (Riom-ès-Montagnes, Menet), de Marcombes (Valette), de Bagil et Montagnac (Saint-Amandin), du cimetière, d'Alberoche (Collandres), dans l'église (Cheylade), de l'église (Trizac)...

    >> Voir aussi : une brève histoire des croix

     

     Les fours à pain                                        

    Les fours furent longtemps un élément essentiel de la vie des hommes. Souvent voûtés en encorbellement, ils ont été utilisés jusque dans les années 60 pour certains. Aujourd’hui restaurés et animés, ils font l’objet de fêtes annuelles du pain.

    Le four de Cheyrouse (Trizac), situé près de l’étang du même nom, restauré en 1997, possède une couverture de lauzes. Belle voûte en pierre du fournil et murs latéraux flanqués d’une banquette de pierre, était destinée à recevoir les « paillas » contenant les tourtes à cuire. Au Claux, les fours restaurés de La Maurinie et du Serget sont remarquables, tout comme le four troglodyte de Lapeyre (1836).
    A Saint-Hippolyte, le four le plus intéressant est celui de Rastoul, dans la vallée de la Petite Rhue. A Saint-Amandin, c'est l'association de sauvegarde du petit patrimoine (Peiro d'Orses, Peiro de Demo) qui a restauré le four de Chapsal.

    Profitez des fêtes de village/fêtes du pain pour découvrir les fours à pain suivants en activité : La Vidal (Apchon, juillet), Lapeyre (Le Claux, août), Cheyrousse (Trizac, juillet), Creyssac (Menet, juin et août), La Gane d'Ensalers (Menet, août), Chapsal (Saint-Amandin, août), Lieuchy (Trizac, septembre) : cf en rubrique Agenda.


    Fours de Chavanon (Cheylade)

    Curieusement, ce hameau bien tranquille de la vallée de Cheylade offrait autrefois une activité importante, autour des quelques grosses « fermes » ou de « riches » maisons. C’est en effet un des rares villages de la région où pratiquement chaque maison dispose d’un four particulier. Dans les autres villages, il existe le plus souvent un seul four : le four banal. Qu’ils soient banaux ou privés, ils sont construits quasiment sur le même modèle.

    La sole (partie du four sur laquelle on place les produits à cuire) avoisine les 2,30 m de diamètre. La pierre utilisée est généralement le tuf, qui garde la chaleur. La pierre centrale, constituée d’une dalle hexagonale, est surmontée d’une voûte circulaire en pierre taillée et ajustée, recouverte d’une épaisse couche de terre argileuse.

    La toiture, généralement composée de lourdes lauzes, repose directement sur la terre. Les murs ont une épaisseur de plus d’un mètre.

    Le fournil, pièce où travaillait celui qui assurait la cuisson du pain, est souvent voûté. Au-dessus de la porte d’entrée, fermée à clé entre les cuissons, un « fenestrou » (petite fenêtre) assure l’éclairage et l’évacuation partielle des fumées.

    Le long des murs, des bancs en pierre, plus rarement en bois, accueillent les « paillassous » (corbeilles tressées avec de la paille, de la ronce ou du noisetier, contenant la pâte en attente de cuisson), puis les pains ou autres gourmandises chaudes sortant du four.

    Des récipients utilisés pour récupérer la braise et la cendre, appelés « cuviers », étaient disposés près de la gueule du four. La braise était utilisée pour remplir les chaufferettes, avec lesquelles les femmes se chauffaient l’hiver, tout en tricotant, le coin du feu étant plus réservé aux hommes. La cendre était utilisée en guise de lessive.

    Les fours ont régulièrement fonctionné jusque dans les années 1920, et pour certains, encore un peu plus tard, jusqu’à ce que les boulangers fassent leur tournée. Aujourd’hui, de nombreux villages mettent en valeur ce petit patrimoine en organisant annuellement une « fête du pain », l’occasion également de se retrouver et d’échanger en toute convivialité. 

    Histoire d’une tourte bien dorée

    Chaque personne, dans la famille, avait son travail. Tout commençait la veille, par la fabrication de la pâte. Souvent, malgré la dureté du travail, les femmes s’occupaient de cette tâche.

     

    La farine utilisée était celle de seigle, céréale rustique bien adaptée à la région. Parfois, on incorporait un peu de farine blanche, cultivée dans les vallées, pour que le pain ne soit pas si noir. On utilisait comme levain une boule de pâte fabriquée les fois d’avant, et conservée au frais dans une « toupine » (pot en grès). Il suffisait de « réactiver » le levain en le délayant dans l’eau tiède, puis de le pétrir en rajoutant de la farine, du gros sel et de l’eau dans la « maie » (caisse en bois de forme trapézoïdale). La pâte obtenue levait pendant une nuit, avant d’être de nouveau pétrie, puis répartie dans les paillassous. Ceux-ci étaient apportés au four, souvent avec une brouette, ou sous les bras, pour…

     

    …La cuisson 

    Un homme préparait le four le matin, très tôt.

     

    Il commençait par le bourrer avec des branches de buissons, ou des branches coupées le long des prés, dans les haies, ou avec du bois mort. Pourvu qu’il soit bien sec et préparé. 

     

    Le bois le plus utilisé est le hêtre ou le frêne, parce qu’il chauffe bien. 

    Une fois le feu allumé, il fallait attendre que le bois soit transformé en braise. La pierre presque blanche, on introduisait un épi. S’il s’enflammait spontanément, on entendait le responsable de cuisson dire « le four est chaud ». 

     

    Il ouvrait la porte, retirait braises, charbon de bois, cendres, avec un balai en genêt le plus souvent. La pierre du four était ensuite « nettoyée » à l’aide de chiffons humides, plus rarement avec une serpillière au bout d’un manche. 

     

    Les paillassous étaient alors retournés sur une grande pelle en bois. La pâte était enfournée, après qu’elle soit taillée, pour que la croûte éclate, et aussi par tradition. La cuisson était surveillée, et au bout d’un certain temps, on entendait « Y’en a pas pour longtemps ». 

     

    Une fois le pain cuit, la porte du four était ouverte pour laisser s’échapper la chaleur. Les dix à quinze tourtes étaient défournées et déposées sur des bancs en pierre, pour refroidir. Chacun récupérait son pain, jusqu’à la prochaine fois, quelques semaines plus tard. 

     

    Le four était alors fermé, car il ne servait qu’à cuire le pain, et rien d’autre, sauf… 

     

    Quelques petites gourmandises

    Souvent, avant ou après le pain, on faisait cuire d’autres choses : pâtés délicieux, appétissantes tartes aux pruneaux, aux pommes ou à la rhubarbe, suivant la saison, brioches avec une petite praline, petits pois avec des pieds de cochons, tripoux, gâteaux de riz. Des petits plaisirs, en somme…

     

    Quelques fours remarquables : fours de Brocq, du Liocamp, Creyssac, Lafage et du Cheyrié (Menet), de Chavanon (Cheylade, 5), La Vidal (Apchon), Puyvendrier (Collandres), Bagilet et Soubrevèze (Marchastel), Chapsal, Laquairie, Montagnac, Jointy et Bagil (Saint-Amandin), Chavaillac, Voussayre, Clavières (Saint-Etienne-de-Chomeil), Rastoul et Selins (Saint-Hippolyte), Lieuchy, Cheyrousse, Chamblat, Leybros (Trizac), La Maurinie et Le Serget (Le Claux)...

     

     

     Les moulins à eau                           

    La quasi-totalité des moulins à eau ont malheureusement été abandonnés au cours du XXe siècle. Les moulins servaient soit à moudre le grain, broyer le chanvre ou l'huîle de noix. Un recensement de 1981 réalisé par le GRHAVS (Antignac) fait état de 43 moulins sur la Sumène, 6 sur le Cheylat. Il en subsiste des ruines, notamment sur la Sumène (le Bourg, le Pradal, Tronchoux...), et des lieux-dits (moulin de la Vidal, moulin d'Apchon, moulin de Léonard, moulin de la Roche, moulin du Sartre sur la Petite Rhue). Aujourd'hui, en Pays Gentiane, les moulins (privés) les mieux conservés sont ceux de :

    - la Clidelle (Menet), bâtiment qui date de 1786 : les installations sont d'un niveau industriel et une vingtaine de personnes y travaillaient
    - Panchouly (Menet également)
    - Riom-ès-Montagnes (route de Collandres)
    - Moulin de Léonard, restauré (Cheylade)
    - Chapsal (Saint-Amandin)
    - Vézol (Saint-Amandin)

    A Bélier subsistent des vestiges d'un moulin à vinaigre (Saint-Etienne-de-Chomeil).

     

     

     Les fontaines, lavoirs et sources   

     

    Fontaines, bacs, abreuvoirs et lavoirs peuplent les bourgs et hameaux du Pays Gentiane. Parmi les fontaines dignes d'intérêt, l'on peut citer celles des places de l'église de Menet, Apchon, Cheylade, Saint-Hippolyte (La Font Sainte), Riom-ès-Montagnes, Saint-Amandin, Saint-Etienne-de-Chomeil ou Trizac (en pierre de Volvic, qui représente les quatre saisons), ainsi que celle située à l'intersection de l'avenue de la République et de la rue des Frères (Riom-ès-Montagnes).

    Parmi les nombreuses sources du territoire, certaines ont fait l'objet d'une restauration : sur la commune de Cheylade, une s
    ource minérale, située entre le Pont de la Roche et Fouilloux, est sensée guérir les maux d'estomac, l'anémie et la chlorose (Auguste de Chazelles/Daniel Brugès). A Valette, la source des Fages permet de soigner les enflures et l'asthme. A Trizac, la petite fontaine des Bessonies est proche d'un moulin ruiné. Utilisée contre les problèmes gastriques, elle n'a jamais connu de grande célébrité, mais les gens du pays ont toujours eu de la considération pour cette eau légèrement piquante et... salée. A Apchon, la Font Salée vit son eau commercialisée au cours du XXe siècle sous la marque "Saint Eloy" (cf Randonnée>Sentier de la Font Salée). Dans plusieurs communes, on peut observer des fouées, c'est-à-dire des sources aménagées.

     

    Si de nombreuses sources sont implorées afin que la pluie tombe, dans l'espoir d'obtenir de bonnes récoltes, d'autres annoncent des malheurs. La Font Bourdoire, près du suc de Rond - aux confins de Collandres, Valette et Moussages (on peut aussi lire Font Boudoire, Font Bouldoire), ainsi nommée en raison de son écoulement qui fait entendre un son quasi identique à un bourdonnement, a la réputation de prédire les catastrophes, d'annoncer les malheurs. Pour les anciens, l'apparition de l'eau était le signe de calamités de toute nature : disettes, conflits, dégradations météorologiques... La source ne coule que par intermittence, sur de longues péruides espacées dans le temps. Il est facile d'en juger : de l'an 750 à l'an 753, le folklore indique que l'on vit de l'eau sourdre à la Font Bourdoire tandis que les troupes de Sarrasins envahissaient les terres. En 1788 et, plus tard, en 1817, elle coula de nouveau et les récoltes furent catastrophiques. En 1914, nouvelle apparition de l'eau et début de la Première Guerre Mondiale. Plus proche de nous, en 1976, elle augura la grande sécheresse. (source : Daniel Brugès, Mystères du Cantal, De Borée, 2010)

     

     

     

     Les chapelles et oratoires               

     

    Principaux édifices : oratoires du Sartre (ISMH, Cheylade) et de Tautal-bas (Valette), chapelle de Roche (Valette), chapelle de Chateauneuf (Riom-ès-Montagnes), chapelles de Lieuchy et Lachassagne ISMH (Trizac) et l'incontournable oratoire de la Font Sainte (Saint-Hippolyte).

     

     

     Les chateaux privés                         

    Quelques châteaux valent le détour. D'abord dans la vallée de la Petite Rhue : Escorolles, XVe/XVIIIe, qui est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, mais aussi Curières (chambres d'hôtes) et Tissonnières, tous deux sur la route du Claux; ou encore le château des Mouleyres (à l'intersection de la D3 et de la D62), celui de Pradines (entre Cheylade et Saint-Hippolyte) et du Caire (D3, direction Murat).

    Plus au nord, près de Riom-ès-Montagnes (route de Bort), on trouve le château Saint-Angeau, et plus à l'ouest, le Couvent (Trizac) : ce qui était autrefois le château du Baron de Trizac et de Cheyrouse fut reconverti en école libre (1872-1993), pensionnat de jeunes filles et maintenant propriété privée aménagée en chambres d'hôtes depuis 1997 ("Le Couvent", labellisé Fondation du Patrimoine).

    A Saint-Etienne-de-Chomeil, en plein coeur du bourg, le château (XIVe/XVIIe) possède un parc à l'anglaise aux arbres remarquables et un cadran solaire.

    A voir également au détour d'une balade, les châteaux de Chavaroche (Trizac), La Clidelle (Menet), Murat-la-Rabbe (entre Menet et La Monsélie). 
     


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  • Au XIIe siècle, il existe dans la région de Mauriac une véritable industrie de l’église romane, destinée à remplacer des édifices très fragiles, sans doute construits en pierre et en bois. Beaucoup de chapiteaux des églises en Pays Gentiane ont été façonnés par les mêmes mains, d’où parfois d’étranges similitudes d’une église à l’autre. Imaginons un nombre incroyable d’artisans, de tailleurs, de sculpteurs, ouvriers de carrières (notamment celle de Broc, à Menet), ou encore charpentiers travaillant à ces chantiers.


    Outre le rôle premier de lieu de culte, l’église servait à la fois de refuge, de coffre-fort, d’entrepôt ou encore de grenier. Le culte des reliques aussi est à mentionner car il était source de richesse. En effet, on venait parfois de loin pour vénérer les reliques du saint gardées dans une châsse.

    Les églises du Pays Gentiane se distinguent par leur simplicité, marquée par une absence de décor sur la façade principale (ouest), des caractéristiques propres aux églises de Haute Auvergne : des voûtes en cul de four, des narthex (espace réservé aux non baptisés), des coupoles sur trompes et des nefs flanquées de deux bas-côtés.


    MH : Edifice classé Monument Historique
    ISMH : Edifice inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques

     

    Eglise
    Saint Léger
    MH
    (Cheylade)

    Circuit des églises romanes


    D’aspect solide et massif, dû aux lourds piliers qui séparent la nef des bas-côtés, l’église Saint-Léger date du XIIe siècle, pour sa partie la plus ancienne. Elle renferme une étonnante voûte de 1428 caissons de bois polychrome. Terminée autour de 1743, elle reprend des éléments du Bestiaire Médiéval, alors laissez les fleurs, les animaux réels ou fantastiques, les anges peints sur ces voûtes vous étonner. Par ailleurs, s
    on porche est le témoin de l’implication de la région dans l’Histoire nationale notamment aux Croisades.

         

    Ce type de caissons est également observable à l'Oratoire du Sartre (privé)

     

     

    Eglise
    Saint-Georges
    MH
    (Riom-ès-Montagnes)

      
     

    De pur style roman auvergnat du XIIe siècle, elle possède un porche de style Renaissance, un clocher autrefois fortifié, ainsi que 30 chapiteaux aux thèmes variés (comme dans la plupart des églises du pays de Riom) : païens, symboliques ou chrétiens.


     

    Eglise
    Saint-Etienne

    et Saint-Clair
    ISMH

    (Saint Etienne de Chomeil) 


    La première église du bourg daterait du Xe siècle mais le monument actuel date de l’époque romane pour ce qui est du choeur, de la nef et de l’abside. Le portail et les deux chapelles du choeur sont quant à eux de style gothique. Deux des quatre cloches de son clocher à peigne datent du XVIe siècle. Les décorations extérieures sont très parlantes pour le visiteur avec un sagitaire et deux têtes mystérieuses de monstres dont l'une montre une langue démesurée.

          

          

    Eglise d'origine romane (11e), avec un portail du 15e, une chapelle du 16e au nord et une autre au sud datant de 1844. Les voûtes ont été peintes au 19e.

     

    Eglise
    Saint-Blaise
    ISMH

    (Apchon)

          

          
    Ancienne chapelle XIIe s. agrandie au XVe, elle est entièrement recouverte de lauzes et abrite quatre remarquables retables de chêne sculptés, peints et dorés par des artistes locaux au XVIIe siècle, ainsi qu’une Vierge noire en bronze du XVe siècle. Parmi eux, le retable le plus fascinant fut sans doute commandé par les seigneurs d’Apchon et représente une allégorie de l’Espérance chrétienne triomphant de la Barbarie. 

     

    L’église
    Saint-Beauzire
    MH

    (Trizac)
     

     
     

    De style roman auvergnat de la fin du XIe siècle, on accède à son grand porche par un escalier semi-circulaire de 17 degrés. On peut distignuer des modillons à copeaux qui soutiennent la corniche du chevet. A l’intérieur, la nef centrale, de couleur blanche, est construite en pierre de tuf de Broc, tandis que les chapiteaux du transept sont en pierre de trachyte de Menet et présentent notamment 2 personnages agenouillés sous la main de Dieu, représentant peut-être les donateurs pour la construction de l’église. Les vitraux du choeur, du XVe et du XVIe siècle (les plus anciens du département) relatent la légende de Saint Nicolas. A remarquer aussi : les trois retables baroques de 1742, aux couleurs prédominantes bleu et or; dédiés à Saint Jean-Baptiste, à Saint-Beauzire et à la Vierge Marie : ils rappellent les trois anciennes églises de Trizac du IXe siècle. La fontaine de la place, construite en pierre de Volvic en 1873, est surmontée de quatre mascarons sur le thème des saisons. 

     

     

    La Font Sainte 
    (Saint-Hippolyte) 


    On quitte momentanément l'époque romane pour une architecture plus contemporaine. A 1230 m au milieu des pâturages, s’élève une chapelle à côté d’une source sacrée. On vénère dans ce sanctuaire une Vierge offerte au XVIIIème s. par un évêque de Clermont Ferrand à une bergère qui aurait eu une apparition près de cette source. Dans ce lieu très paisible, vous pouvez emprunter le chemin qui mène à la colline, d’où vous admirerez le panorama sur le Plateau du Limon. Accès depuis Apchon ou Saint- Hippolyte.

     

    Ancien lieu de culte celtique, christianisé au VIe siècle, le site de la Font-Sainte est donc un lieu de pèlerinage depuis le XVIIIe siècle. La statue de la Vierge est dite transhumante : elle monte passer l’été dans le sanctuaire de la Montagne vers les vachers et les bergers et redescend l’hiver dans l’église de Saint-Hippolyte. La source, priée au temps des Celtes, coule toujours auprès de l’Oratoire et fait encore l’objet d’une dévotion.

     

     

    Eglise
    Saint-Pierre
    MH

    (Menet) 


    L'église fut construite avec les pierres de taille du village, extraites des carrières locales de trachyte. Monument mystérieux et insolite avec ses chapiteaux aux thèmes musicaux ou de danse, elle présente aussi des thématiques reprises dans les églises du Pays Gentiane, notamment la sirène bi-caudale (Riom-ès-Montagnes, Trizac).

     

    L'église, romane, est composée d'une nef de quatre travées avec bas-côtés du 12e siècle, la première étant voûtée en berceau, les seconds par des demi-berceaux. Une coupole s'élève sur la croisée. Quatre chapelles furent ajoutés après coup, ainsi que la tourelle d'escalier, le clocher et le pignon du portail. Deux de ces chapelles datent de la Renaissance. Chapiteaux et sculptures sont bien conservés. 

    De la fin du XIIe siècle, l’église Saint-Pierre de Menet possède une acoustique particulière due principalement à sa coupole en tuf de Broc. Ses chapiteaux sont également insolites, reprenant le thème de la danse ou de la musique, ainsi que des thèmes mythologiques comme la sirène bi-caudale caractéristique du Pays Gentiane. Sa coupole soutenue par une lanterne octogonale renforcée à la base de deux piliers en fait une église unique en Auvergne.

     

     

    Eglise
    Saint-Etienne
    ISMH

    (Saint-Amandin) 

    D'importantes transformations ont modifié le plan primitif de l'édifice qui devait comporter, à l'époque romane, une nef prolongée par le choeur actuel en abside semi-circulaire, et flanquée de deux collatéraux terminés par des absidioles encadrant le choeur. Seuls subsistent l'absidiole sud et, en partie, le mur extérieur du collatéral sud. Dans sa forme actuelle, l'édifice comporte une nef écrasée par une voûte lambrissée trop basse. L'entrée se fait au sud par un portail de la fin du 15e siècle, dont les voussures décrivent une tête hurlante, le combat d’un homme et d’un dragon à tête de singe (thème repris à Menet et Riom-ès-Montagnes)Dans le tympan de ce portail, deux écus montrent les armes des familles d’Estaing et de Murol.

     En entrant, sur l’un des chapiteaux, à droite, on retrouve la sirène bicaudale ou encore le singe cordé surmonté des serpents. Le choeur est en forme d'abside semi-circulaire (pentagonal à l'extérieur). L'absidiole nord a disparu lors de la construction du clocher quadrangulaire. A l'intérieur, du côté de la nef, le chevet roman présente des chapiteaux aux corbeilles historiées. Le choeur est couvert d'un cul-de-four dont les arcatures ont leurs retombées sur des colonnettes aux corbeilles ornées. L'absidiole au sud du choeur est également couverte d'un cul-de-four. L’impression de manque d’homogénéité architecturale peut s'expliquer par un incendie survenu au début du XXe siècle. 

     

    Eglise
    Saint-Martin
    ISMH

    (Collandres) 

    Édifice d'époque romane, d'aspect massif, l'église occupe un emplacement stratégique comme poste de surveillance de la vallée de la Véronne. Probablement fortifiée autrefois, elle est composée d'une abside polygonale à trois pans, précédée d'une nef unique dans laquelle donnent deux chapelles latérales nord et sud. A l'avant, un clocher-porche a été ajouté, probablement au  XVIIIe siècle ou bien au XIXe. Il s'agit d'une tour à base rectangulaire, à trois niveaux délimités par des moulures. Sur le chevet, deux colonnes engagées encadrent les deux fenêtres centrales. Leurs chapiteaux sont ornés de feuillages stylisés.

    Nef et choeur romans : 12e siècle. Chapelles latérales et base du clocher-porche du 15e siècle. Le clocher date du 19e. Les vitraux, datés 1914, sont signés de L. Balmet.

    Sur la corniche extérieure, les modillons sont riches en évocations : ornés de têtes ou simplement moulurés, ils décrivent une chèvre, un diable, un penseur se grattant le menton, un atlante.

      

    Eglise
    Sainte Croix
    et Saint Pierre
    ISMH

    (Marchastel) 

    Eglise romane du XIIe s., l’édifice, en forme de croix latine, renferme une voûte en cul de four assez remarquable, deux chapelles contenant chacune un retable baroque. Le retable de gauche représente la Remise du Rosaire et celui de droite la Nativité de la Vierge. Le clocher, reconstruit au XIXe siècle, était auparavant un clocher à peigne. A ne pas manquer également : les vitraux.

      

    Eglise
    Saint 
    Hippolyte ISMH
    (Saint-Hippolyte) 


    Eglise (XIe/XIIIe ss) avec voute en cul de four éclairée par trois baies et décorée à l'extérieur par  des modillons sculptés figurés. Elle abrite 9 mois de l'année la statue de Notre Dame de la Font Sainte qui transhume l'été pour retrouver son sanctuaire d'altitude.

    Le territoire faisait partie des domaines des seigneurs d'Apchon. C'est vraisemblablement sous l'impulsion et avec les subsides de ces seigneurs, qui prirent part aux premières croisades, que l'église fut construite. L'édifice servit de sépulture aux principaux membres de cette famille. La majeure partie de l'église remonte au 11e siècle, ce que confirment les sculptures du choeur (chapiteaux, corbeaux de la corniche). Les voûtes sur croisées d'ogives, avec liernes et tiercerons, durent être refaites au 15e siècle. Le plan en croix latine avec abside semi-circulaire fut également modifié au 15e siècle. L'abside en hémicycle est couverte en cul-de-four. L'arc légèrement brisé est soutenu par deux colonnes engagées d'époque romane. Trois travées forment la nef, avec deux chapelles de chaque côté, tandis que la première travée d'entrée correspond au porche. Toute cette partie est caractéristique de la fin du 15e siècle. Les voûtes avec liernes comportent des clés ornées de personnages sculptés. Le porche voûté en berceau abrite une porte formée de trois rangs de moulures du 15e siècle, surmontée de l'écusson des sires d'Apchon (semis de fleurs de lys). L'église contient une balustrade de tribune d'un travail de sculpture sur bois du 15e siècle. Peintures intérieures du 19e siècle.

     

    Circuit des Eglises Romanes du Pays Gentiane 
    Infos : Office de Tourisme du Pays Gentiane (Riom-ès-Montagnes)
    Tél. 04 71 78 07 37


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  • A mon pays, Léon BOYER

    O mon Pays sauvage et doux, voici mes vers…
    Tu les reconnaîtras comme tes fils, peut-être ;
    Tes bruyères, tes puys, tes rocs les ont vu naître,
    Et vois : ils sentent bon tes âcres genêts verts.

    Ils sont frustes, rugueux comme tes houx amers,
    Tes brandes où l’on voit la rocaille apparaître,
    Heurtés des tintements des troupeaux qui vont paître
    Et battus du grand vent bleu de tes cieux ouverts…

    J’ai voulu qu’ils fussent gonflés de toi, ma glèbe !
    Que survécût en eux le geste de la plèbe
    Et qu’une âme vibrât du basalte moussu.

    Mais j’ai peur, oh ! j’ai peur que ne soient vains mes rêves…
    Et pardonne, Pays trop cher, si je n’ai su,
    Fils indigne, chanter tes granits et tes sèves !


    Falgère, Léon BOYER

    On m'écrit là-bas de chez nous !
    Le coucou chante en bois d'Algère...
    Et je revois nos coûteaux roux
    Et mon village de Falgère



    Le four de Bagilet, Léon BOYER

    Il se dresse au bout du village,
    Humble, moussu, tout décrépit,
    L’antique four croulant sous l’âge,
    Que les ancêtres ont bâti.

    Il a cuit le pain noir et maigre
    De nos lointains pères défunts,
    Il cuit encore notre pain aigre
    Qui fleure bon les seigles bruns.

    On voit bien qu’il est d’un autre âge
    Avec son air vieillot et las,
    Ses murs noircis qu’un long usage
    A craquelés du haut en bas,

    Que son toit lourd de granit penche,
    Que ses voûtes n’en peuvent plus,
    Et qu’il mourra, quelque dimanche,
    Ainsi qu’un pauvre vieux perclus…

    Il sert, pourtant, vaille que vaille,
    Et bien qu’il soit tout égueulé
    Et que sa porte geigne et bâille,
    Les nôtres y cuisent leur blé.

    Certains jours, il crépite et fume ;
    Par ses brèches, la flamme rit,
    Et les branches qu’on y consume
    Font tout rose le dur granit.

    Puis s’en viennent, la main aux hanches,
    Corbeille haute sur le front,
    Les femmes, en des toiles blanches
    Portant le pain qui sera blond.

    Et, longuement, la porte close,
    Le chaud basalte radieux
    Gonfle l’âme du seigle enclose
    Et dore le pain lumineux.

    Et tandis que, haute et sereine,
    La fumée, en le pur matin,
    Se mêle aux souffles de la plaine
    Et monte aux frais pâquis de thym,

    Hors de sa pierre qui s’effrite,
    Par tout le village embaumé,
    Le vieux four où le pain palpite
    Disperse son parfum sacré.

     

     

     

    Gentiane,

    L’aurore rosit les monts arrondis

    Du brouillard émerge la gentiane.

    Longue tige à feuilles élargies

    Fleur jaune imprégnée de soleil

    Racines enfouies profondément

    Tu éclaires la montagne

    Ponctuant l’espace d’exclamations.

    Image de l’homme d’ici

    Fier, taciturne et robuste

    Réservé et pourtant accueillant.

    Paraissant tout d’abord amère

    Tu te prolonges en saveurs 

    Au pays où tout est harmonie

    Symphonie et couleurs.

    Triomphant symbole jaune

    Tu enivres nos sens

    Sonnailles tintinnabulantes

    Caresses de vents purifiés

    Arômes de baies sauvages

    Saisonnalité aux touchers contrastés

    Richesses de tables opulentes

     

    La gentiane est ici chez elle

    Potion magique de plaisirs instantanés.

    Chronique d'André-François COULON (>>voir son site Internet)

     


    L'éloge de la cabrette, Camille Gandilhon Gens d'Armes

    O source vive de musique
    Où s'abreuve le rythme antique
    Auquel la bourrée obéit !
    O fille des Muses, musette,
    Laisse-moi te chanter, cabrette,
    Cornemuse de mon pays !

      


     

     "Il y a des pays où toutes les saisons sont filles du soleil. Il y a des pays où la terre tendre et brune est gourmande de blé et d'orge. D'autres pays où la mer, la rebelle, fait la pluie et le beau temps. Des pays encore où les montagnes sont si hautes qu'elles mangent le soleil.
    Dans mon pays, les montagnes portent le ciel, elles sont comme de formidables vagues soudainement endormies, on dirait qu'elles ont mis tant de puissance à naître qu'il n'y aura pas assez de mille et mille siècles pour les reposer du fantastique effort des origines.
    [...]
    C'est pourquoi mon pays est plein de mystères et de légendes murmurées, de sorcelleries stupéfiantes et de fantômes moqueurs. Depuis si longtemps ici le diable, les fées et les loups vont et viennent dans la compagnie des vents et se rient des hommes au bord glacé des lacs..."

    "Verte et jaune,
    robuste t lulmineuse,
    une fleur puis une autre,
    c'est le signal infaillible !
    Voyageur, tu peux ralentir ta course effrénée...
    Regarde autur de toi,
    laisse tes yeux avertis,
    ton âme sensible s'imprégner de ce paysage rude et subtil.
    Tu entendrais la voix de notre terroir"


    la Gentiane d'Or, Jean Pierre Siméon.

     

    Poète et dramaturge français né en 1950 à Paris, Jean-Pierre Siméon a également été enseignant à l'IUFM d'Auvergne... et à Riom-ès-Montagnes.

     


    Air des arracheurs, paroles d'Emile Refouvelet et musique de Jean Amoureux. L'inventeur de l'Avèze, alors appelée "Auvergne Gentiane", vante sa boisson à travers une chanson publicitaire.

    Au frais lever du jour, là-haut sur la montagne,

    Quand le soleil paraît, rougissant la campagne,

    Des hommes vigoureux, aux bras musclés et forts,

    Vont arracher au sol, la gentiane aux fleurs d'or.

     

    Dans ce sublime effort de l'arracheur tenace,

    Qui mène chaque jour, un travail âpre et dur,

    Aimons ces ouvriers, ils sont de notre race,

    Et leur mérite est grand, dans ce labeur obscur.

     

    Refrain

    Chantons, chantons, les gars de la montagne !

    Chantons, chantons, une AUVERGNE, c'est bon.

    Chantons, chantons, c'est la voix des campagnes,

    Chantons, chantons, une AUVERGNE, buvons !

     

    tiré de l'ouvrage la gentiane, l'aventure de la fée jaune (C. Jollès / J.-L Clade), aux éditions Cabedita.

    Emile Refouvelet était originaire de Valette.

     


      

    La Valse des Gentianes, paroles de Jean-Marie GASTON dit Jean LILA et musique de Louis RISPAL.

    Quand un bruit de sonnailles

    Vient égayer nos puys,

    Et qu'autour de Mondailles

    Les prés sont reverdis;

    Là-haut sur la montagne,

    Au flanc du Puy Mary,

    Là-haut sur la montagne,

    La gentiane fleurit.

     

    Superbe et souveraine,

    Au milieu d'autres fleurs,

    Regardez cette reine

    Etaler ses couleurs.

    Ô fleur rustique et belle,

    Parure de nos monts !

    D'un coeur tendre et fidèle

    Toujours nous t'aimerons.

     

    Lorsque le jour décline

    A l'entour des burons;

    Le soleil t'illumine

    De ses derniers rayons.

    Alors nous pouvons dire,

    Ô fleur que nous aimons !

    Que ton dernier sourire

    Resplendit sur les monts.

     

     

     


     

     Le Lac-au-Bois-Dormant, Arsène Vermenouze

     

    Il m’est resté de Riom un souvenir charmant
    Celui d’un lac mélancolique et solitaire
    Qu’un bois sombre et plein de mystère
    Semble garder jalousement
    Nous l’avons appelé le Lac-au-Bois-Dormant.

    (Lac de Roussillou)

     


    Le château d'Apchon, Arsène Vermenouze

    Il dresse encore ses tours et ses murs crevassés,
    Et chaque brèche semble une bouche meurtrie,
    Qui s'ouvre en grand et crie
    Les promesses du passé

    Cette ruine informe où niche une chouette,
    Couvre de ses débris un rocher colossal
    Et profile de loin la fierte silhouette
    D'un lion sur un piédestal

     

     


     

     Urlande, Jean Fred

     

    Couché sur l’herbe verte

    Aux confins des mondes

    Renonçant aux pures pertes

    Avant que la pluie arrive par trombes

     

    Le ciel qui s’obscurcit, qui s’ombrage

    Laissant entrevoir encore la lumière

    Qui glisse entre ses nuages

    Mes yeux scrutent au-delà des clairières

     

    Forte et de fière allure

    Tu t’élèves vers le haut

    De la terre, tu fus gerçure

    Aujourd’hui on se perd sur ton dos

     

    Urlande, tu es un cri si vaillant

    Roche saillie des entrailles

    Tu es née de la colère d’un volcan

    Tu règnes sur toutes ses failles

     

    Ton élévation nous fait petits

    Adultes aux cœurs enfantins

    Devant toi, que sommes nous en cette vie

    Rien ni personne, juste à serrer les poings

     

    Serais tu protectrice comme aux temps antiques

    Où l’on vénérait le surnaturel d’une roche

    Où l’on sacrifiait l’âme pour un dieu épique

    Sans se soucier de la douleur en poche

     

    Aujourd’hui, je te regarde trôner

    Tu es magnifique de prestance

    Mais je te gravirais sans me tromper

    Humblement et sans aisance

     

    Protège ce petit coin que j’ai tant aimé

    Qui ne demande qu’à vivre libre

    Annonce les malheurs et prévient les

    Si on venait à vouloir y mourir

     

    Urlande, montre ta force, défait nos liens

    Et montre le chemin de la sagesse

    Urlande, fille du volcan Cantalien

    Nous nous ralierons à toi sans faiblesse


    Bagilet, Mme Journiac

    Chaque jour à l'aube naissante
    Nous allions sur le vaste plateau
    Retourner la terre fumante
    L'alouette planait là-haut 

    Au pas lent de nos belles salers
    S'étalaient les nombreux sillons
    Où demain lèvera la gerbe
    Porteuse de riches moissons.

    Le travail était dur mais nous étions heureux
    Surtout quand le soleil brillait dans le ciel bleu.
    Alors, la joie au coeur nous unissions nos voix 
    Et entonnions ensemble les refrains d'autrefois

    Ô Bagilet,
    Doux berceau de mes jeunes années
     
    Près de toi cher papa la vie s'en est allée
    Et les années s'égrainent
    Mais n'oublierai jamais
    Tous les précieux conseils que tu m'avais donnés
     
    En dressant l'arbrisseau tu me disais souvent
    Travaille, sois honnête et respecte
    Tu pourras ainsi, toute une vie durant
    Aller la tête haute et le front triomphant.
     

    Le Pont de la Mort (Menet), Etienne MARCENNE
     
    Passant qui veut braver l'appel de la Clidelle
    A l'heure où, dans le bois, le hibou crie et sort,
    Si tu t'en vas tout seul, où le destin t'appelle,
    Serre bien ton bâton, sur le pont de la Mort !

    Posso, quê bouo l'opel de lo Cidèlo,
    O l'ouro ound dins les bouos lou cohon crido é sort,
    S'és tu t'en bas tout soul, ound lou distin l'opéto,
    Séro plo toun bostou sur lou pouon dé lé Mouort

    d'après le site web de la Mairie de Menet, menet.fr

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