• L'habitat traditionnel conserve souvent une qualité architecturale qui s'exprime dans des plans variés et dans la richesse décorative des matériaux : sur les murs, basaltes noirsn trachy-andésites grises ou rosées mêlent leurs nuances à celles des lichens et des mousses; de superbes toits de lauzes ont résisté au temps.

    La maison élémentaire.

    Elle se compose d'une pièce unique, tournée vers le monumental foyer ou cantou. Elle peut se prolonger verticalement par un grenier et s'enraciner dans le sol par creusement d'une cave. Caves et greniers sont accessibles par une trappe intérieure ou un escalier extérieur. Dehors, elle s'adjoint un poulailler, une soue à cochons... C'est le logis du journalier. Petite et sans confort, elle est aujourd'hui abandonnée ou totalement réhabilitée en gîte rural.

    La maison-bloc.

    On parle de maison-bloc lorsque l'habitation et les dépendances agricoles sont sous le même toit. Son aspect varie avec la réalité économique locale, mais elle correspond à un système où la maisonnée produit, transforme et consomme sur place le necessaire à sa subsistance.

    Dans la maison-bloc à terre, l'étable est contigue à la pièce d'habitation unique. Le fenil, coiffant et réchauffant l'ensemble, est accessible par un plan incliné dit montadou. C'est la maison du petit éleveur-cultivateur des zones de vieille polyculture.

    Dans la maison-bloc en hauteur, le logement, superposé à la grange-étable, est desservi par un escalier de bois extérieur. On la trouve principalement dans le quart sud-ouest du massif. C'est la maison des petits exploitants agricoles, des vignerons, des artisans.

    La maison à dépendances séparées.

    Quand l'amélioration du niveau de vie fait naître des exigences de confort, en référence aux maisons de maître, les granges-étables sont éloignées du logis, souvent de façon assez désordonnée. L'habitation conserve son volume de base mais le nombre de pièces augmentent (entrée, souillarde, débaras, chambre-salon, chambres à l'étage). Les façades jouent la symétrie. De plus en plus, c'est à l'extérieur de la ferme qu'on va chercher alimentation et habillement. Le rapport à la rue et au village est modifié. Le système urbain devient dominant.

    Les toits.

    Les toits sont pentus, couverts de schiste, plus léger, ou de lauzes, énormes écailles volcaniques d'un gris très doux qui diminuent de taille depuis le bat jusqu'au faîte pour ne pas trop charger la charpente. Ces toits, dans le Cantal, surtout, ont donné l'occasion aux charpentiers de réaliser de véritables chef- d'oeuvre. Ils utilisent en particulier le châtaignier, où les araignées ne se mettent pas, le shêne et surtout le sapin. Le bois devait êtra abattu durant les mois sans sêve, de novembre à mars, et en lune vieille. On le faisait d'abord flotter longtemps dans les rivières, puis sécher plus longtemps encore. On le donnait ensuite à débiter aux scieurs de long. Les toitures des granges, en particulier, ont souvent des charpentes de cathédrale.

    "Traditions d'Auvergne" d'Annette Lauras-Pourrat.


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  • Cantal, Salers et Bleu d'Auvergne sont les trois fromages phares du département. On considère le fromage de cantal comme le plus ancien des fromages français, car produit en Auvergne depuis deux millénaires. L'appellation «cantal» est une appellation d'origine contrôlée, l'aire de production étant également délimitée.

    Le SIRBA - Syndicat Interprofessionnel Régional du Bleu d’Auvergne, est basé à Riom-ès-Montagnes.

    Site officiel du Cantal AOC >>

    Site officiel du Salers AOC >>

    Le Bleu d'Auvergne AOC >>

    Reportages TV sur les trois fromages AOC (bas de page) >>

    La Route des Fromages AOC d'Auvergne

    Le saviez-vous ? Le fromage La Vache qui Rit était autrefois fabriqué à Riom-ès-Montagnes. Avant que M. Bel ne quitta la région au lendemain de la seconde guerre mondiale.


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  • Lors de l'établissement des premières voies ferrées dans le Massif Central, la partie centrale du département du Cantal était bien délaissée par le rail.

    Dès 1871, les parlementaires cantaliens réclamaient la réalisation d'un itinéraire de BORT à NEUSSARGUES par CONDAT et ALLANCHE. Mais ce n'est que vingt ans plus tard que le principe de cette ligne fut définitivement acquis. La déclaration d'utilité publique intervint en août 1892. A la même époque, une liaison FELLETIN -USSEL - BORT - NEUSSARGUES était étudiée. La liaison USSEL - BORT n’a jamais été réalisée vu les faibles bénéfices attendus. C'est peut-être dommage car si cette ligne avait emprunté un itinéraire autre que la vallée de la Dordogne, peut-être le "Parisien" continuerait-t-il à passer entre BORT et NEUSSARGUES.

    Les parlementaires ont certes agi pour que cette desserte voie le jour mais ce sont surtout les gros intérêts économiques qui ont été déterminants. Notamment le transport des vins du Languedoc vers Paris. C'est en effet, au cours du XIX° siècle que les Parisiens, qui, jusqu'alors, ne buvaient que du vin de leur région, virent apparaître les vins du Midi (la consommation de vin de la région parisienne a, paraît-il, été multipliée par 6 entre 1840 et 1900).

    Il est bon de rappeler, qu'à l'époque, la France ferroviaire était partagée en “réseaux”. Le Massif Central était desservi par le PARIS-ORLEANS (P.O.), le PARIS-LYON-MEDITERRANEE (PLM) et le MIDI. Il s'agissait là de compagnies privées qui cherchaient avant tout la rentabilité de leurs installations.

    Le transport du vin apportait à chaque réseau une ressource proportionnelle au nombre de kilomètres. C'est ainsi que la ligne BORT-NEUSSARGUES qui rejoignait la ligne MONTLUÇON -EYGURANDE-BORT (terminée en 1887) a été concédée au P.O. lequel espérait créer ainsi à travers le Massif Central la liaison Nord-Sud la plus courte.

    Compte tenu du relief, le tracé de cette ligne n'était pas évident. Trois projets ont été étudiés, le premier par CHAMPS, la Vallée de la Rhue, SAINT-AMANDIN, CONDAT, MARCENAT, LANDEYRAT et ALLANCHE. le second par VEBRET, MENET, RIOM, MARCHASTEL, LUGARDE, SAINT-BONNET et ALLANCHE, le troisième devait emprunter les vallées de la Rhue et de la Santoire pour aboutir à MURAT.

    A l’époque, les polémiques n’ont pas manqué, les langues allaient bon train et bien entendu, le tracé avait été choisi du fait de l’influence de telle ou telle personnalité, prétendue avoir le “poids nécessaire" pour intervenir auprès de l’état et de ses réseaux de chemins de fer. En fait, les études ont été dominées par le souci de distances courtes : le tracé adopté devra être inférieur à 75,17 km pour que BEZIERS-PARIS par BORT soit inférieur aux 804 km de l’itinéraire PLM par ARVANT. Le premier tracé de 74,43 km se rapprochant trop du kilométrage litigieux a été écarté au profit du second d’une longueur de 71,300 km.

    J’ai l'impression que le même phénomène se renouvelle au sujet du tracé de la nouvelle route BORT-RIOM-MURAT. Chacun ayant sa propre conviction que M. X ou M. Y a une influence prépondérante pour ce tracé. Il est rarement question ni de sa longueur, ni des difficultés techniques de réalisation.

    Les difficultés de construction n’ont pas manqué, la ligne étant tracée dans des vallées fort escarpées et escaladant des hauts plateaux. Les déclivités sont comprises entre 20 % et 30 %, la partie la plus difficile à ce point de vue est comprise entre la gare d’ANTIGNAC-VEBRET ET LE COL D'EMBESSE, séparées par une dénivellation de 352 m sur une distance de 12 km.

    La réalisation a exigé la construction de cinq viaducs importants dont celui de BARAJOL (entre RIOM et CONDAT) qui est un chef-d’oeuvre de maçonnerie, quatre tunnels et des courbes et rampes importantes. Il est évident que des conditions de vitesse étaient imposées aux conducteurs.

    En 1925 il fallait deux heures et demi environ, pour effectuer les 71 km entre BORT et NEUSSARGUES.

    Les conditions climatiques du Cézallier ont rendu difficile l’exploitation de cette ligne. Les 45 km situés au-dessus de 850 m sont souvent enneigés. Et malgré un matériel de déneigement important, quelques périodes d'interruption du trafic ont eu lieu au cours des hivers 44-45, 51-52 et plus près de nous, en décembre 1980 où des congères de 5 m de haut s’étaient formées au col de Clavières.

    La ligne a été ouverte le 2 décembre 1907 de BORT à RIOM et de NEUSSARGUES à ALLANCHE. La partie centrale sera terminée en 1908 et inaugurée par le Ministre des Travaux publics le 5 juillet.

    Le relief accidenté de cette région, le manque de ressources minières n’ont pas favorisé l’implantation d’industries importantes, de ce fait le trafic de marchandises a toujours été très faible (moins de 200 tonnes par jour ouvrable). Et les vins ? Et bien, ils n’y ont pratiquement jamais passé du fait des mauvaises conditions d’exploitation. Ainsi la ligne BORT-NEUSSARGUES est le type même de ligne construite artificiellement par intérêts économiques (qui n’ont pas vu le jour) étrangers à la desserte locale.

    Il faut quand même savoir que notre gare a eu une activité très importante en ce qui concerne le trafic marchandises. Notamment lorsque le PO mit en construction l'usine hydroélectrique de COINDRE sur la Rhue. Les pièces et les matériaux nécessaires à la construction ont en grande partie été acheminées par "ANTIGNAC-VEBRET".


    Les interventions du Conseil municipal

    La Compagnie d’Orléans, soucieuse d’exploiter le charbon du bassin de CHAMPAGNAC-LES-MINES, réalisa et mit en service en 1882 la ligne EYGURANDE-BORT-LARGNAC. La jonction avec MAURIAC eut lieu l’année suivante. En septembre 1893, le conseil constatant que cette ligne traverse le territoire de la commune demande qu’un arrêt ou une station soit créé à CHEYSSAC pour faciliter l’accès à BORT, prétextant, en outre, qu’il était inadmissible que la commune d’Ydes ait 3 gares rapprochées : SAIGNES, CHAMPAGNAC-LES-MINES et LARGNAC.

    En novembre 1897, commencent les discussions relatives au tracé BORT-NEUSSARGUES. La commune qui avait été sollicitée, répond qu'elle ne peut contribuer, ni en argent, ni en terrain pour le passage du chemin de fer. Le mois suivant, nos élus avaient réfléchi et voyaient enfin l'intérêt de cette ligne qui suivant le méridien de PARIS serait la plus directe pour joindre la capitale à BARCELONE. Une halte est demandée à Cheyssac, et la gare au village de Drulh. Le tracé adopté, les travaux engagés, le Maire est informé du nom de notre station. Dans la séance du 16 juin 1907, il est dit : “Le Maire expose que le nom proposé pour la station est “ANTIGNAC-VEBRET”. Cette dénomination est considérée comme une déchéance pour la commune. Compte-tenu que la commune de VEBRET est plus importante que celle d’Antignac, que la station est construite sur la commune de VEBRET, il n’y a aucune raison de donner la prééminence à ANTIGNAC, le conseil émet le voeu que la station prenne le nom de “VEBRET” ou, à la rigueur, celui de “VEBRET-ANTIGNAC”. Le Ministre des Travaux Publics saisi de cette protestation n’a pas jugé bon de donner satisfaction. En fait, c'est probablement le seul cas, sur cette ligne, où la dénomination ne tient compte ni de l’implantation territoriale, ni de l’importance des communes desservies.


    Les trains "Bonnet"

    Louis BONNET, créateur de “l’Auvergnat de Paris” a été un précurseur dans ce qui est appelé de nos jours “voyages organisés”. C’est en 1904 qu’il obtint des compagnies P.O. MIDI et PLM, des tarifs réduits pour des trains spéciaux empruntant leurs lignes. Ces réductions étaient importantes : 40 % pour un aller et retour.

    Le premier train prit son départ de Paris le 21 juin 1904. A partir de BORT (par MAURIAC), il s'arrêtait à toutes les gares et la moitié des voyageurs allaient jusqu’à AURILLAC où les attendaient les “Courriers” pour MONTSALVY, ENTRAYGUES, MUR DE BARRES, SAINTE-GENEVIEVE, etc... Une billetterie spéciale avait été installée au siège de “l’Auvergnat de Paris” et deux billets gratuits étaient prévus pour les cabrettaires qui animaient le voyage. Ces trains ont eu un énorme succès, ils ont circulé jusqu’en 1939 avec une interruption pendant la première guerre.

    Après les élections du “Front Populaire” et les accords sur les congés payés en 1936, ils sont devenus les trains des Vacanciers Auvergnats. Certains se souviennent de la circulation de ces trains. Ils passaient un peu avant “l’express” de Paris (la liaison Paris-Béziers s’effectuait par Bort et par Neussargues). Ils avaient, certes, un aspect un peu vieillot avec leurs wagons aux huit portières d’accès, leur marche-pied et les gros numéros indiquant les classes (beaucoup de nos compatriotes voyageaient en 3° classe avec un confort tout relatif).


    Un cantalien, M. A. JACOMY, a fait appel à sa mémoire pour relater un voyage en train BONNET en 1938 (Auvergnat de Paris - Edition du Centenaire). Tout y est décrit, l’arrivée à Austerlitz, l’embarquement, les colis - notamment la valise contenant les provisions de bouches, indispensables pour “tenir le coup” pendant un peu plus de 500 km

    Ces trains facilitaient le retour au pays et contrairement aux premières générations “immigrants” qui ne revenaient qu’après de nombreuses années, souvent sans avoir pris un jour de repos. Les plus jeunes viennent “en vacances”, ce qui ne se fait pas toujours sans quelques accrochages avec parents ou amis. Car imbus de leur “supériorité de parisien”, ils s'ingénient à prendre un accent exagérément faubourien, on parle “pointu”. Je me souviens, et je ne suis pas le seul, d’un jeune, parti de son village natal (je ne dirai pas lequel) pour aller servir comme garçon de café à Paris, qui, à son retour, s'ingéniait à demander aux cabaretiers locaux des mélanges sophistiqués, étalant ainsi ses connaissances de spécialiste et espérant bien que dans ce bled, on ne puisse lui donner satisfaction. C’est d’ailleurs le même qui faisait en sorte de ne plus comprendre le patois. Mais un jour, s’étant aventuré dans un pré au moment de la fenaison, mit malencontreusement le pied sur les chevilles d’un râteau, qui, se redressant brusquement, vint le heurter violemment au visage : “Por de raster !” s'écrie notre pédant. Il venait d’un seul coup de retrouver à la fois son patois et ses racines. Ne généralisons pas, ils n’étaient pas tous comme ça.

    Jean Tournadre http://histoire-locale.chez-alice.fr/trains.htm


     
    Voir aussi
    >l'histoire de la ligne Bort-Neussargues en dates sur Carnet de Bort (milieu de page)
    http://www.carnetdebort.org/gentiane-express.htm

    >interview vidéo de Tristan Brohan, directeur d'exploitation du Gentiane Express
    http://www.aiguillages.eu/tag/gentiane-express 

     

    Zoom sur la construction du viaduc de Barajol

    A cause de la configuration du terrain, la construction métallique initialement prévue par les ingénieurs est abandonnée au profit d'un ouvrage en maçonnerie, utilisant les basaltes de la région.

    Lors de la construction du viaduc de Barajol, sur la commune de Saint-Amandin, on aménage une piste pour acheminer les matériaux. Le chemin dit “des wagonnets” (en bleu sur la carte) présente la particularité d'avoir un dénivelé très faible, car il faut que les chevaux ou les mules tirent les wagonnets remplis de pierres. 

    Dans "Le Triangle du Cantal" (tome 1 : Bort-les-Orgues/Neussargues), Patrick Garinot nous donne quelques éclaircissements sur cette piste. Dés l'adjudication (1902), une voie de service à l'écartement de 1 mètre et de 2,2 mètres de longueur fut construite entre l'emplacement du viaduc et la route de Condat à Riom-ès-Montagnes, à Chapsal (Sapchat) pour acheminer les matériaux. A l'origine de la voie de service fut ouverte une carrière de sable, et vers le milieu du parcours, on exploita une carrière de pierres de blocage (gneiss). Les moellons de basalte pour le parement furent extraits dans le massif de Lestampe et transportés au viaduc par deux plans inclinés et deux voies de service de 0.90m.

    Après 4 ans de travaux, le viaduc de Barajol (également appelé “de Lune Sèche”, du nom d'un autre toponyme local) est terminé au printemps 1907 sans qu'un seul accident mortel ne soit à déplorer. La ligne ouvre le 11 mai 1908 et est inaugurée le 5 juillet suivant par Louis Berthou, Ministre des Travaux Publics.

     

    A ce jour, le viaduc n'a subi aucune déformation, ni nécessité de travaux de rejointement. Depuis le 14 Décembre 1984, il est inscrit à l'inventaire des monuments historiques et demeure le second plus haut viaduc maçonné d'Europe ! 

    Le rail, facteur de développement touristique

    Le développement du tourisme dans le Cantal est lié à celui du thermalisme et du transport ferroviaire. Au XIXe siècle, les thermes sont en plein essor, plusieurs guides mentionnent la source et les eaux de Vic-sur-Cère qui sont froides (12°C), ferrugineuses, gazeuses, bicarbonatées et sodiques, et ont d'autant plus de succès que la Compagnie des chemins de fer d'Orléans construit une ligne ferroviaire et deux grands hôtels dont elle fait la promotion : l'un au Lioran, l'autre sur le versant sud qui domine la vallée. Le site naturel du Pas-de-Cère attise la curiosité des voyageurs.

    Mais focalisons-nous sur le pays de Riom-ès-Montagnes. Comme dans la vallée de la Cère, le tourisme doit son développement à l'arrivée du train en 1907. Voici quelques dates clé qui décrivent ce processus.

    2 décembre 1907 : le premier train arrive en gare de Saint-Etienne/Menet et de Riom-ès-Montagnes en provenance de Paris, via Bort-les-Orgues.

    11 mai 1908 : le premier train arrive en gare de Condat/Saint-Amandin, grâce à l'ouverture de la ligne Allanche / Riom-ès-Montagnes. Le pays de Riom-ès-Montagnes est désormais accessible depuis Paris et Béziers, respectivement via Bort-les-Orgues et Neussargues. C'est la Compagnie du Chemin de Fer d'Orléans qui gère la ligne. Il faut “moins de neuf heures” pour gagner la capitale !

    26 mai 1912 : la commune de Riom-ès-Montagnes édite son premier guide touristique.

    Février 1920 : le Syndicat d'initiative de Riom-ès-Montagnes voit le jour

    1921 : le Syndicat d'initiative de la vallée de Cheylade édite un guide touristique

    1924 : relance des foires grâce au chemin de fer. La plus célèbre est celle de la St Michel.

    1927 : le Syndicat d'initiative publie un nouveau guide touristique, dont voici le contenu intégral (merci à Stéphane Pouget de nous avoir transmis ce document rare via son blog) :




    Consulter le guide
    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/8.html
     
    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/9.html 
    http://stephpaysgentiane15.skyrock.com/10.html 


    La page de couverture (photo) parle de “cures d'air et excursions”. A l'époque, l'approche du tourisme est encore très orientée vers l'aspect médical, l'air pur ayant en effet des vertus curatives.

    Dans le guide, il est fait mention des nombreuses sources minérales “aux vertus curatives”, et notamment de celle de la Font Salée, qui fut commercialisée de 1898 à 1952 (1). Les autres curiosités mises en avant sont les édifices religieux, les sites archéologiques et le “musée Bourgeade des Planchettes”, les cascades et lacs comme celui “de la Grange” (étang de Majonenc); et une part belle est faite à l'histoire locale.

     

     

    (1) A propos de la Font Salée

    La source de la Font Salée, niché au creux de la commune d'Apchon, a un débit faible mais une curieuse histoire. Peu minéralisée et au goût neutre, elle porte donc mal son nom ! Toutefois, Deribier du Chatelet lui prêta des vertus inattendues pour les prsonnes souffrant "d'embarras gastriques" et de "pâles couleurs". A la fin du XIXe siècle, Emise Pigot, un restaurateur parisien, entreprit de la commercialiser sous le nom d'eau Saint- Eloy. Il eut l'autorisation requise en mai 1898. Mais l'exploitation n'était pas simple, car la source n'est accessible que par un chemin escarpé. Aussi, à peine l'eau recueillie et embouteillée, des ânes remontaient les caisses vers des lieux plus faciles d'accès où pouvaient partir les livraisons. Ce commerce cessa à l'orée de la première guerre mondiale et l'autorisation d'exploitation fut retirée en 1952, en raison de l'accès contraignant, de l'altitude, et aussi du faible débit de la source : 1,3 L à la minute environ. Aujourd'hui, la source et son bassin ont été restaurés et l'eau qui jaillit garde, sans nul doute, ses propriétés.

     

    Sources : Office de tourisme du Pays Gentiane, stephpaysgentiane15.skyrock.com, carnetdebort.org


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  • De la gentiane
    à la liqueur de gentiane

    L'histoire de la gentiane, plante typique des moyennes montagnes européennes, remonte au moins à l'Antiquité grecque. Au fil des siècles, ses vertus curatives ont fait l'objet de croyances, mythes et légendes des plus étranges. La gentiane tiendrait son nom de Gentius, célèbre roi d'Illyrie qui l'aurait découverte. Au moyen-âge, elle était considérée comme une panacée et entrait dans la composition des remèdes miracles. Quelques siècles plus tard, au XVIIIe siècle, on disait qu'en consommer régulièrement assurait santé et longue vie. On lui reconnaissait également des propriétés magiques contre la peste tandis que, dans le Languedoc, porter au cou neuf brins de gentiane cueillis à reculons le jour de l'Assomption avant le lever du soleil, faisait passer la fièvre. La racine de la gentiane jaune entrait enfin dans la composition de sachets magiques destinés aux rituels de retour d'affection.

    Avèze est la seule boisson à base de gentiane obtenue par macération prolongée (9 mois) des racines fraîches broyées dans un mélange d'eau et d'alcool. Elle est fabriquée exclusivement à partir de racines de gentiane prélevées manuellement, comme le veut la tradition, sur le territoire du Parc Naturel Régional des Volcans d'Auvergne. Pour assurer le meilleur renouvellement de la plante, un délai de 15 ans est respecté entre deux arrachages sur la même parcelle. Ainsi, l'Avèze est la première liqueur de gentiane à avoir obtenu la marque "Parc Naturel Régional des Volcans d'Auvergne". Elle est fabriquée à Riom-ès-Montagnes (Cantal) depuis 1929 (anciennement "Une Auvergne" et "Auvergne Gentiane").

    La gentiane est renommée pour ses propriétés tonifiantes, stimulantes, antidépressives et dépuratives. Ses racines contiennent des principes actifs, dont les plus connus qualifiés d'"amers", facilitent la digestion. La gentiane stimule en effet l'appétit et soigne divers troubles gastro-intestinaux tels que vomissements, diarrhées ou brûlures d'estomac. La gentiane traiterait également les plaies et aurait un effet décongestionnant sur la peau. En usage interne, elle favoriserait la diminution des maux de gorge, de l'inflammation arthritique, et serait efficace contre la jaunisse. Enfin, possédant non seulement des actions toniques sur le foie et la vésicule biliaire, la Gentiane permettrait une purification quasi complète de tout l'organisme humain.

     

    Panorama suc de Rond - Collandres

    La gentiane jaune
    Hauteur : jusqu'à 2 mètres (d'où son surnom : "gratte-ciel" végétal).
    Feuilles : 20 à 40 cm de long, 10 à 15 cm de large.
    Racines : jusqu'à 1,5 m de long et 5 à 7 kg !
    Durée de vie : plus de 50 ans.
    Age à la première floraison : entre 5 et 10 ans
    Période de floraison : de juin à août suivant l'altitude.

    >>En savoir plus sur les boissons locales à base de gentiane


    L'arrachage de la gentiane 

    L'arrachage de la gentiane se pratique pendant 6 mois (de mai à octobre) par  le "gençanaïre" (ou gentianaire), à l'aide d'une "fourche du diable" qui pèse environ 13 kilos. A la seule force de ses bras, le gençanaire arrache jusqu'à 250 kilos par jour, dans le Massif Central et notamment sur les hauts plateaux de Collandres, Valette et Trizac. Petits bras s'abstenir ! Ce n'est pas les feuilles mais les racines qui sont recherchées. Lavées, broyées, macérées, elles servent à la fabrication de plusieurs apéritifs dont l'Avèze. 

    Ne pas confondre la grande gentiane (jusqu'à 1 m 50) aux feuilles elliptiques opposées en croix, à fleurs jaunes en bouquet au sommet de la tige ou à l'aisselle des feuilles... Et le vérâtre qui a la même taille mais dont les feuilles aux nervures longitudinales sont alternées et  marquées de forts plis longitudinaux , les fleurs verdâtres ou blanches sont réunies en une longue panicule. Attention, le verâtre est toxique.

     

    Quelques photos

      

    La fée jaune, exploitée et commercialisée

    A Valette, une entreprise (Auvergne Gentiane Plantes) exploite et commercialise même les racines de gentiane sous différentes formes : fraîches, sèches, sèches coupées et en poudre. Les produits de la société AGPlantes portent la marque "Produit du Parc naturel régional des volcans d'Auvergne" et sont certifiés "Agriculture biologique". Extrait de la Lettre du Parc naturel régional des volcans d'Auvergne de mai 2007.

     
    Bien connue pour son goût amer, la gentiane procure une matière première unique aux nombreuses vertus.

    Fébrifuge, digestive, antidépressive ou encore antiseptique, la gentiane jaune offre des vertus multiples avec des applications pharmaceutiques, agroalimentaires et dans le secteur de la parfumerie. Quand Philippe Desriviers crée en 2005 la société Agplantes, il entend proposer un produit de qualité supérieure. Les racines sont arrachées à la main d’avril à octobre sur le plateau de Collandres, Valette et Trizac, séchées au soleil et entreposées dans un hangar aéré. Cette exigence de production lui a permis de bénéficier en 2006 de la marque Parc destinée à valoriser des produits et des savoir-faire spécifiques et respectueux du territoire. Chaque année, Yves Jouve, le gentianaire salarié de l’entreprise cantalienne, arrache 20 à 25 tonnes de racines, armé de la traditionnelle fourche du diable. Un quart de la production est vendue fraîche, le reste est séché et proposé à la tonne ou au détail. Destiné aux particuliers, le “bojon de gençana” contient 100 g de racines coupées dans un petit sac de jute. Il permet de produire soi-même plusieurs litres d’une boisson apéritive amère. Si l’on préfère les infusions, il faut opter pour un produit exclusif : “l’Amer des Montagnes”. Les racines sont, cette fois, en poudre et destinées à préparer toutes sortes de décoctions ou à assaisonner ses salades. Fort de l’obtention récente d’une certification “Agriculture biologique”, Philippe Desriviers souhaite développer sa clientèle d’entreprises, particulièrement dans le secteur pharmaceutique. Les laboratoires recherchent des racines de gentiane de qualité supérieure pour fabriquer des médicaments pour les animaux ou les humains. Un usage hérité du passé puisqu’on avait recours à la gentiane pour provoquer la délivrance des bovins ou pour redonner de l’appétit. Les vertus de la fée jaune sont appréciées plus largement qu’on ne l’imagine. Un client italien d’Agplantes a acheté des racines et produit une boisson spécialement destinée… au Vatican.
     
    Gentiana lutea
     

    Une plante qui méritait bien sa fête !

    Depuis 1998, Riom-ès-Montagnes accueille la Fête de la Gentiane, tous les ans au mois de juillet, à une époque où la plante est en principe en pleine floraison. La Fête de la Gentiane en Pays Gentiane, c'était écrit ! La manifestation est organisée depuis 2011 par l'association "Autour de la Gentiane".

    A l'occasion de ce rendez-vous marqué par le traditionnel "lavage des gentianes" à la fontaine du centre-ville et la présence de la confrérie des Gençanaires, plusieurs animations rythment le week-end : dégustations, repas, démonstrations d'arrachage de gentiane, randonnée thématique, musique traditionnelle, musiques du monde, présence de la confrérie des Gençanaires, spectacles de conte et de danse, concours culinaire, concours floral, grand marché avec stands gastronomiques et artisanaux, défilés d'attelage, spectacle son et lumière, expositions...

    Pendant ce temps, l'Espace Avèze-Maison de la Gentiane et le Gentiane Express, train touristique marchent à plein régime ! 

     

     

    Panorama suc de Rond - Collandres

     
    La gentiane jaune est présente dans la plupart des massifs montagneux français (Massif Central, Alpes, Vosges, Jura), et localisée, d'après l'association Tela Botanica, dans 45 départements français. L'attachement à cette plante est cependant bien supérieur dans le Cantal qui est  souvent assimilé à la gentiane, au même titre que la vache salers ou les fromages AOP.


    La confrérie des Gençanaires promeut la plante et le territoire

    La Confrérie des Gençanaïres est l'une des plus jeunes confréries du Cantal et de l'Auvergne. Elle a été fondée en juillet 1998 sous l'impulsion des organisateurs de la Fête de la Gentiane 1998 (2e édition) et du Cercle Européen d'Etude de la gentiane jaune et des Gentianacées (1), dans le but de promouvoir les activités valorisant la plante. Ses membres portent une tunique à dominante jaune et verte, qui rappelle bien évidemment les couleurs de la gentiane. Ce costume est étrenné plusieurs fois dans l'année, à l'occasion de fêtes traditionnelles ou gastronomiques. Ainsi, en 2012, les gençanaires sont invités à la Fête de la Mangoune (Laroquebrou) le 11 mars, la Fête des Tersons Aubrac (Pierrefort) le 25 mars, la Fête de la Gentiane (Riom-ès-Montagnes) les 14 et 15 juillet, la Fête de la Gentiane (Picherande) les 14 et 15 août ou encore la Fête du Bleu d'Auvergne (Riom-ès-Montagnes) les 18 et 19 août. Chaque année lors de la Fête de la Gentiane de Riom-ès-Montagnes, de nouveaux membres sont intronisés et deviennent ainsi ambassadeurs de la "fée jaune" cantalienne.

    (1) 
    Le Cercle Européen d'Etude des Gentianacées (CEEG) est une association culturelle suisse, seul cercle en Europe consacré aux 
    Gentianes. Il a été fondé en 1993 et la direction est assurée par Charles Jolles, Henri de Seidlitz et Guilhem Mansion. Il a pour objectif de favoriser la connaissance et les échanges d'informations concernant toutes les espèces appartenant à la famille des Gentianacées et notamment la gentiane jaune ou grande gentiane, et édite chaque année un bulletin d'informations. Pour s'abonner, contacter Charles et Annick Jolles, Les Gentianes, Case Postale 47, CH-1000 Lausanne 26 / charles@jolles.net. 

     

    Los Gençanaires

     

    Voici la charte de la confrérie des gençanaires : 

    • Réunir l'ensemble des amateurs et passionnés de gentiane dans un idéal commun de convivialité et d'amitié
    • Promouvoir le rayonnement de la gentiane, plante emblématique du volcan cantalien, le rayonnement du Pays Gentiane, de ses habitants, de sa culture, de son histoire et de son économie
    • Développer la création de nouveaux produits et élargir la connaissance et l'utilisation de la gentiane
    • Echanger des informations et créer des liens privilégiés entre tous les acteurs de la filière gentiane en Auvergne, en France, en Europe et dans le monde
    • Veiller à la gestion raisonnée du patrimoine gentiane
    • Représenter en tant qu'ambassadeurs la gentiane dans des domaines variés et notamment : traditions et culture, artisanat et industrie, scientifique et médical
    • Soutenir et s'associer à toute initiative conforme à nos idéaux

     

     

    La relève est assurée !

    Le traditionnel lavage des racines de gentiane, lors de la Fête de la Gentiane. La relève est assurée !

     

    Cathy Duflot, membre de la confrérie, s'est prêté au jeu des questions-réponses : 

    Quels sont les critères requis pour qu'un membre soit intronisé par la confrérie des Gençanaires ? 

    CD : Il faut être présenté par au moins un membre et être accepté par tous les autres, sans distinction de race, milieu social... Ou d'âge, puisque notre plus jeune membre, Hugo, a 6 ans. La convivialité est bien sûr le maitre-mot de notre association qui, bien qu'ambassadrice de la gentiane, ne se prend pas trop au sérieux !

    Quels sont vos membres et pourquoi occupent-ils cette confrérie ?
    CD : A l'heure actuelle (début 2012, ndlr), la confrérie se compose des membres suivants : Annie (présidente) et Roger Raynal, Martine et Philippe Desriviers (directeur d'Avèze à Riom-ès-Montagnes), Lydia et Henri Tible (retraité), Jean Jacques Giraud (jeune retraité), Alain Barbier (retraité), Joceline et Rolland Passefond (s'occupent du château d'Auzers), Chantal et André Besson (nouveau retraité), Hugo et la jeune Manon qui nous a rejoint lors de plusieurs manifestations, Anne-Marie et Jean-Pierre Andraud (jeunes retraités), Charles Jollès (Cercle européen d'étude des gentianacées), Vincent Donnadieu (directeur adjoint de la Clinique du Souffle), Christian Aguilera (président de l'association Autour de la gentiane) et moi-même. Tous ont un commun un attachement profond pour la région, sa culture, son patrimoine, et bien évidemment pour la "fée jaune".

    Quelles sont vos activités ?
    CD : O
    utre notre participation à de nombreuses manifestations festives, nous participons aux démonstrations d'arrachage de gentiane, surtout à Saint-Hippolyte l'été dans le cadre des animations proposées par l'Office de tourisme intercommunal, nous faisons des interventions sur la gentiane (Clinique du Souffle, éventuellement les écoles). Quoi qu'il en soit nous sommes toujours volontaires pour faire découvrir la gentiane, sa vie et ses diverses utilisations.

    A propos des manifestations, j'ai cru comprendre que vous étiez même obligés de décliner des invitations...
    CD : O
    ui, nous déclinons des invitations en France, principalement dans des régions où il y a de la gentiane, car cela signifierait un voyage de plusieurs jours et tous les membres ne peuvent pas se le permettre.

     

     

    A l'image des Gençanaires, le Cantal compte plusieurs confréries :

    • du Pélou (Mourjou) : ambassadrice de la châtaigne

    • de la Pétarine (Teissières-les-Bouliès) : porte-drapeau d'une galette à base de farine de sarrasin

    • des Taste Fourmes (Saint-Flour) : promeut le fromage cantalien

    • de la Légendaire (Salers) : représentante du vin du même nom, affiné dans un buron

    • des Mangeurs de Champignons (Prunet) : comme son nom l'indique...

    • des Tersons Aubrac (Pierrefort) : valorise la race à robe froment

    • des Croquants d'Auvergne (Riom-ès-Montagnes) : met en avant les biscuits artisanaux de notre département

    • Cantal Salers Truffade (Pailherols)

    • de la Mangoune (Laroquebrou)

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